Bras de fer entre Washington et Téhéran après l’exécution de Soleimani
La mort du général iranien, Qassam Soleimani, tué vendredi à l’aube dans des raids américains en Irak, fait planer un risque d’escalade dans la région, au moment où l’Iran promet de venger la mort du second homme fort du régime. Réagissant à chaud, le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a promis après avoir décrété un deuil de trois jours, « une vengeance implacable » pour le général Soleimani, « un symbole de l’armée iranienne et de l’Iran de manière générale ». Pour sa part, le président iranien, Hassan Rohani, qui a qualifié la mort du général Soleimani d’une « grande perte », affirmant que « l’Iran et les forces libres dans la région prendront leur revanche ». De son côté, le ministre des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif a condamné la mort de Soleimani « sur ordre » du président américain Donald Trump, indiquant que « l’acte de terrorisme international des Etats-Unis, ciblant et assassinant le général Soleimani, est une escalade extrêmement dangereuse et imprudente ».
Tandis que les Gardiens de la Révolution, l’armée d’élite iranienne, ont également crié « vengeance » après la mort de leur général et annoncé une réunion « extraordinaire » du conseil suprême de sécurité nationale. Parallèlement, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté à Téhéran et dans d’autres villes iraniennes, après la prière du vendredi, pour dénoncer le meurtre du haut commandant iranien, Qassem Soleimani, tué dans un raid américain à Baghdad. Soleimani était à la tête de la « force al-Qods », entité en charge des opérations extérieures au sein des Gardiens de la Révolution. Par ailleurs, plusieurs pays dont la France, la Russie, l’Otan, la Grande Bretagne, ont mis en garde contre une nouvelle escalade à l’aune des derniers développements dans la région.
Cependant, plusieurs observateurs ne croient pas aux déclarations iraniennes qui répondent plus aux nécessités de la propagande interne du régime à destination de son opinion publique et de ses partisans dans la région. Les dirigeants iraniens savent qu’une attaque conséquente contre les intérêts américains dans la région risque d’être payée très cher dans cette conjoncture marquée par l’approche de la campagne des présidentielles aux Etats-Unis. Le régime iranien pourrait même précipiter sa fin au cas où il serait tenté par une aventure belliqueuse contre la puissance américaine dont la présence dans la région et en Irak en particulier obéit à des considérations stratégiques que l’Iran n’a pas intérêt à contrarier. D’ailleurs, les Etats-Unis n’auraient jamais réussi à s’imposer en Irak depuis 2003 sans la complicité objective de l’Iran qui a su utiliser à son profit l’hostilité américaine à l’égard de l’ancien régime de Saddam Hussein. C’est pourquoi les observateurs s’attendent plutôt à des actions ponctuelles contre les intérêts américains exécutées par les alliés de l’Iran dans la région plutôt que par l’Iran lui-même.
Abdelkader Hachimi