Un rapport de l’ONU met en cause le trafic de drogue marocain dans le Sahel
Le crime organisé au Sahel continue d’évoluer principalement autour du haschich marocain, a révélé un récent rapport du Groupe d’experts de l’ONU sur le Mali, qui pointe du doigt « le manque de coopération » du Maroc en matière de lutte contre le trafic de drogues, tout en soulignant l’impératif d’intégrer les fournisseurs de stupéfiants dans la liste des personnes visées par les sanctions onusiennes. Le rapport final signé par le coordonnateur du Groupe d’experts sur le Mali, Albert Barume, relève que » l’implication de groupes armés dans la criminalité organisée continue d’évoluer principalement autour du convoyage de haschisch marocain, ce qui entraîne des affrontements meurtriers au Mali« . Dans ce rapport adressé au président du Conseil de sécurité, le Coordonnateur, précise que « le Maroc n’a pas fourni au Groupe d’experts ou aux parties prenantes dans la région du Sahel des informations qui auraient pu permettre d’identifier les individus et entités qui approvisionnent en haschisch dans la région ».
Selon le document, « le flux de stupéfiants le plus régulier et le plus stable à travers le Mali reste celui de la résine de cannabis, ou haschich, en provenance du Maroc, qui transite par la Mauritanie et le Mali, puis par le Niger jusqu’en Libye« . Mais il est question également, d’après le rapport, « de transport de cocaïne par les convois acheminant du haschisch, étant donné que les routes d’approvisionnement de ces deux stupéfiants convergent au Mali et prennent la même direction« . Le Groupe d’experts évoque, à ce titre, la saisie de 12 tonnes de haschisch se trouvant dans un camion dans la zone d’Al-Guergerat. La cargaison, constituée de plastiques sous lesquels était cachée la drogue, était destinée à une société appelée Sanfo Commerce et Service (SCS) à Bamako. La cargaison avait été exportée par la société de transport Impargo Maroc, immatriculée à Casablanca, au Maroc, le 11 mai 2017, mentionne le rapport. »Il semble que la personne ayant immatriculé la société ait commis une usurpation d’identité », selon le même document.
Pour aider à juguler les flux de drogue « déstabilisants » dans la région du Sahel, les experts onusiens, préconisent d’ « inscrire les fournisseurs dans la liste des personnes visées par les sanctions au Mali« , élaborée par l’ONU à la demande du Mali, à seule fin de disposer d’un instrument supplémentaire pour ramener la paix dans le pays. Le groupe encourage aussi le gouvernement marocain à « partager des informations avec notamment les autorités des pays concernés, dont le Niger et le Groupe d’experts afin de faciliter le lancement d’éventuelles poursuites judiciaires supplémentaires et/ou l’imposition de sanctions complémentaires en rapport avec le trafic de stupéfiants » (APS)