Le premier ministre canadien estime que la liberté d’expression n’est pas sans limites
Comme la plupart des chefs d’Etat et de gouvernement de par le monde, le premier ministre canadien, Justin Trudeau, a condamné les récents attentats terroristes « affreux et épouvantables » en France. « C’est injustifiable et le Canada condamne de tout cœur ces actes en se tenant toujours avec nos amis français qui vivent des moments extrêmement difficiles« , a-t-il déclaré. A cette occasion, le premier ministre canadien a défendu vendredi la liberté d’expression mais il a estimé qu’elle n’était « pas sans limites » et ne devait pas « blesser de façon arbitraire et inutile » certaines communautés. « Nous allons toujours défendre la liberté d’expression« , a affirmé M. Trudeau, en réponse à une question sur le droit à caricaturer le prophète Mahomet, comme l’a fait le magazine Charlie Hebdo. « Mais la liberté d’expression n’est pas sans limites« , a-t-il fait valoir lors d’une conférence de presse.
« Nous nous devons d’agir avec respect pour les autres et de chercher à ne pas blesser de façon arbitraire ou inutile ceux avec qui nous sommes en train de partager une société et une planète« , a affirmé M. Trudeau. « On n’a pas le droit par exemple de crier au feu dans un cinéma bondé de monde, il y a toujours des limites« , a argumenté le chef du gouvernement canadien. Prenant ses distances avec la position du président français Emmanuel Macron, M. Trudeau plaidé pour un usage « prudent » de la liberté d’expression. « Dans une société pluraliste, diverse et respectueuse comme la nôtre, nous nous devons d’être conscients de l’impact de nos mots, de nos gestes sur d’autres, particulièrement ces communautés et ces populations qui vivent encore énormément de discriminations« , a-t-il plaidé.
Ce n’est pas la première fois qu’un dirigeant occidental prend ses distances avec la position défendue par la France en matière de liberté d’expression. En décembre dernier, la chancelière allemande, Angela Merkel, avait déclaré à ce sujet :« Nous avons la liberté d’expression dans notre pays. Pour tous ceux qui affirment qu’ils ne peuvent plus exprimer leur opinion je leur dis ceci : si vous exprimez une opinion, vous devez vivre avec le fait que vous serez contredits. Exprimer une opinion n’a pas un coût nul. La liberté d’expression a ses limites. Ces limites commencent quand la haine est répandue. Elles commencent quand la dignité des autres personnes est violée. Cette Assemblée va et doit s’opposer à tout discours extrême. Autrement notre société ne pourra plus être la société libre telle que nous la connaissons. »