Les jeunes patriotes appelés à occuper le terrain dans la perspective des prochaines législatives
La dissolution de l’APN et la décision d’organiser des élections législatives anticipées est une occasion à ne pas rater pour toutes les forces vives du pays qui aspirent au changement dans le respect de l’ordre constitutionnel. Certes, l’indigence de la classe politique algérienne ne permet guère des espoirs exagérés. L’important est de commencer même si les premiers changements apparaîtront modestes au regard des attentes mais les dégâts occasionés par le système bureaucratique et rentier sont tels qu’il serait démagogique d’entretenir l’espoir d’un changement profond et rapide. Une chose est sûre. Les dirigeants eux-mêmes semblent convaincus de la nécessité d’opérer des changements dans le système même s’ils continuent de craindre les débordements susceptibles de compromettre la sécurité nationale.
Pour les observateurs, les partis d’opposition, aussi bien les anciens que les nouveaux qui se sont constitués à la suite du Hirak populaire de 2019 devraient saisir cette opportunité s’ils veulent réellement jouer un rôle politique important. Les associations de la société civile sont également concernées dans la mesure où le pouvoir semble vouloir leur accorder un rôle politique dans la nouvelle conjoncture. Après avoir reconnu que la société civile était « marginalisée lors des années précédentes et était appelée à faire preuve d’allégeance uniquement », le président Tebboune a affirmé dans son dernier message à la nation : « Nous avons introduit dans la nouvelle Constitution toutes les revendications du Hirak populaire béni en matière de libertés individuelles et collectives, et donné la parole à la société civile pour qu’elle soit efficace », avant d’ajouter : « Nous continuerons dans ce sens pour faire entendre la voix de la société civile de manière à ce qu’elle devienne une partie de l’Etat ».
Pour peser sur le rapport des forces politiques et faire avancer les réformes de structure dans les différents secteurs de la vie économique et sociale, les jeunes patriotes qui se sont mobilisés dans le sillage du Hirak populaire du 22 février 2019 sont appelés à s’éloigner des débats idéologiques et identitaires stériles qui ne permettent pas de répondre aux aspirations populaires et qui sont susceptibles de saper les bases de la cohésion nationale à un moment où l’Algérie a besoin plus que jamais de renforcer son front interne pour faire face aux menaces qui mettent en cause sa sécurité et son intégrité. Les groupes patriotiques qui ont contribué activement à protéger le Hirak populaire contre les tentatives d’instrumentalisation par des groupes liés aux cercles néocolonialistes et sionistes notoires sont appelés à faire preuve d’intelligence politique pour être à la hauteur des défis de l’heure. Ils peuvent rejoindre ou soutenir des partis de leur choix sur la base des principaux dénominateurs communs que sont l’indépendance, la souverainet nationale et la démocratie sociale tels qu’ils sont stipulés dans la Déclaration du 1er Novembre 1954. Ils peuvent également constituer des listes indépendantes dans les circonscriptions électorales où ils ont la chance de recueilllir des suffrages populaires substantiels. La campagne pour les élections législatives devrait être l’occasion pour ces groupes patriotiques de resserrer leurs rangs en vue d’occuper le terrain et les réseaux sociaux et de former une nouvelle alternative politique.
Mohamed Merabet