Mourad Preure rappelle les nouveaux défis stratégiques de Sonatrach
La nationalisation des hydrocarbures, consacrant la souveraineté nationale sur les ressources naturelles, est un acquis à préserver, en faisant de la Sonatrach un puissant acteur énergétique national et international, afin d’assurer l’indépendance énergétique du pays à long terme, a indiqué l’expert pétrolier Mourad Preure. « L’objectif sera aujourd’hui, dans l’esprit du 24 février, de construire un puissant acteur énergétique national, Sonatrach, qui s’imposera parmi les leaders de la transition énergétique dans le monde. Il assurera ainsi l’indépendance énergétique à long terme de notre pays, accroitra les ressources financières de l’Etat et entrainera dans son sillage un puissant écosystème dédié à l’énergie qui, en retour, renforcera de manière déterminante et sa position concurrentielle et la puissance de la Nation dans le monde », a-t-il souligné dans un entretien à l’APS. L’Algérie devrait aussi, selon l’expert, profiter de la fenêtre d’opportunités ouverte par la crise qui affecte l’économie mondiale et, par incidence, l’industrie pétrolière, pour donner un élan décisif à son industrie énergétique nationale. Dans ce sens, l’expert recommande notamment d’élargir les perspectives de la Sonatrach qui doit « opérer sa mue » pour devenir la grande compagnie énergétique qui permettra à l’Algérie de s’engager avec succès dans les challenges technologiques du nouveau millénaire et de réussir sa transition énergétique.
Il s’agira aussi de la renforcer aux plans technologique et managérial et la soutenir pour lui permettre de se projeter sur des théâtres d’opération internationaux, détenir des réserves pétrolières à l’étranger, s’intégrer dans l’aval gazier et la génération électrique sur ses marchés stratégiques en Europe et se déployer dans les renouvelables en profitant des avantages comparatifs naturels de l’Algérie. Pour cela, la Compagnie, soutient-il, doit rechercher des alliances avec des entreprises leaders, notamment européennes, mises en difficultés par la concurrence asiatique et dont « la survie est aujourd’hui en question » et ce, via des filiales communes, jusqu’à des liens de capital. M.Preure estime, par ailleurs, que le domaine minier algérien est prospectif incontestablement et que le sous-sol est encore riche en ressources et « réserve de bonnes surprises pour l’exploration », soulignant la nécessité d’encourager le partenariat international pour son développement et sa mise en valeur. Il évoque, à ce propos, les avantages de la nouvelle loi sur les hydrocarbures, dont, le contrat de partage-production, notant que ce dernier est familier des compagnies internationales et présente l’avantage de préserver la souveraineté nationale sur les ressources tout en reportant le risque et l’effort d’investissement sur le partenaire étranger de Sonatrach.
Selon l’expert algérien, l’investissement étranger y trouvera, dans cette loi, un « encouragement réel, ce qui soulagera Sonatrach qui en tirera un grand bénéfice ». Parallèlement, l’expert a mis en avant la nécessité de contenir la demande énergétique nationale, jugeant que son développement exponentiel est « injustifié et fortement dommageable » pour l’économie. Cette demande exerce, par ailleurs, soutient-il, « une forte pression sur Sonatrach qui doit faire face au double défi de satisfaire les besoins nationaux et accroitre ses exportations pour financer l’économie nationale », sur fond de désinvestissement dans l’amont algérien quinze ans durant et l’exploitation excessive des gisements. Face à cette situation, l’expert insiste sur la nécessité de reprendre le développement des ressources conventionnelles connues en pétrole et gaz et relancer l’exploration de nouvelles ressources dans laquelle le partenariat jouera un rôle clé. « Il faut s’engager de manière volontariste et visionnaire dans la transition énergétique en développant massivement les énergies renouvelables notamment le solaire », a-t-il recommandé. Cette transition doit être considérée comme une ambition industrielle entrainant, sous la direction d’un champion national Sonatrach, universités et entreprises nationales. Il faut aussi, poursuit-il, maitriser toute la chaine de valeurs allant depuis la production des cellules photovoltaïques en silicium jusqu’à la fabrication de batteries lithium-ion et viser des partenariats stratégiques avec des leaders technologiques internationaux (APS)