L’Algérie suit avec attention les développements de la crise tunisienne
Les derniers développements de la crise tunisienne au lendemain de la suspension par le président Kais Saied des travaux du parlement pour une durée de 30 jours et la destitution du gouvernement sont suivis avec attention. Cependant la prudence reste de rigueur. Jusqu’ici, l’Algérie n’a fait aucun commentaire sur le fond de la question en se contentant d’exprimer son voeu de voir la Tunisie voisine de retrouver au plus vite le consensus national en vue de sauvegarder sa stabilité politique. L’Algérie qui entretient de bonnes relations avec les principaux protagonistes de la crise tunisienne sera-t-elle tentée de jouer un rôle de médiateur ? Si rien n’a transpiré officiellement à cet égard, les observateurs n’excluent pas cette possibilité. En tout cas, le président Tebboune a dépêché le ministre des affaires étrangères, Ramtane Lamamra, à Tunis. Ce dernier a rencontré le président tunisien mais rien n’a filtré sur ces entretiens à part les déclarations diplomatiques générales habituelles.
Outre les éventuels remous intérieurs susceptibles de menacer la stabilité de la Tunisie, l’Algérie suit également de près les conséquences régionales que cette crise n’a pas manqué d’engendrer. C’est d’abord en Libye que la crise tunisienne a eu un effet direct. Les deux principaux protagonistes de la crise libyenne ont eu des positions diamétralement opposées. Si le maréchal Khalifa Haftar n’a pas hésité à exprimer son soutien au président tunisien dans son bras de fer avec Ennahda, le gouvernement d’union nationale installé à Tripoli s’est plutôt rangé du côté des islamistes tunisiens contre ce que ces derniers ont appelé un « coup d’Etat ». C’est dans ce contexte qu’il faut sans doute comprendre la visite du président du conseil présidentiel libyen à Alger même si officiellement l’objet de la visite avait plutôt trait aux perspectives de résolution de la crise libyenne et aux relations bilatérales entre les deux pays.
Mais la crise tunisienne n’intéresse pas seulement les pays voisins. Elle intéresse également d’autres puissances régionales et internationales qui n’ont pas cessé ces dernières années d’intervenir de manière directe ou indirecte en soutenant l’un ou l’autre des protagonistes internes. C’est ainsi que la France, les Emirats arabes unis (EAU) et l’Egypte se sont toujours opposés à Ennahda soutenu activement par la Turquie et le Qatar. La situation est devenue plus compliquée depuis l’arrivée de Kais Saied à la présidence. Si ce dernier semble soutenu activement par l’Egypte et les EAU dans son bras de fer avec les islamistes d’Ennahda et leurs alliés, rien n’indique qu’il a les faveurs de la France; Par la voix de son ministre de s affaires étrangères, la France vient d’inviter le président tunisien à nommer au plus vite un premier ministre. Nous apprenons que le président Tebboune a reçu un appel téléphonique de la part du président turc, Tayeb Erdogan. Nul doute que l’entretien téléphonique a eu comme sujet essentiel les développements de la crie tunisienne. Les pressions en provenance des diverses parties prenantes dans cette crise ne devraient pas altérer la neutralité positive de l’Algérie qui continuera à privilégier le dialogue entre les Tunisiens en vue de préserver l’indépendance et la stabilité de leur pays.
Mohamed Merabet