Le lynchage du jeune Djamel Bensmaïl enflamme les réseaux sociaux
Djamel Bensmaïl est un jeune artiste engagé originaire de Miliana qui porte dans son coeur l’idéal d’une société plus humaine. C’est à ce titre qu’il a participé comme de nombreux jeunes à plusieurs actions de volontariat à caractère social et écologique et au Hirak populaire tant il était épris de changement. Parti comme volontaire dans la wilaya de Tizi Ouzou pour aider à combattre les incendies qui ravageaient les forêts et menaçaient les habitants, il ne pouvait pas savoir qu’il allait tomber sur des êtres qui ont perdu toute humanité et qui lui ont fait subir le pire des châtiments juste par ce qu’ils présumaient qu’il était un pyromane. L’image terrible du lynchage du jeune Djamel qui a fini par être brûlé vif a vite fait le tour des réseaux sociaux. De nombreux Algériens choqués et révoltés par ce crime barbare n’ont pu se contrôler. Sur les réseaux sociaux, les discours puant la haine raciale ont malheureusement remplacé les discours de sympathie et de solidarité que l’épreuve a fait naître entre les Algériens depuis plusieurs jours, ce qui pousse à s’interroger sur les mobiles cachés de ce crime abject. Des blogueurs algériens ont attribué ce crime à des éléments du MAK dans le but de casser l’élan de solidarité nationale apparu ces derniers jours en faveur des wilayas les plus touchées par les incendies (Tizi Ouzou et Béjaïa) et qui a su transcender les clivages ethniques et régionaux. Cette piste n’est pas exclure mais une chose est sûre. Ce crime n’honore ni la Kabylie ni l’Etat algérien.En effet, si le comportement barbare de la foule est à dénoncer, il ne faut pas oublier le caractère criminel de la quasi absence de l’Etat qui n’a pas su donner à la police les moyens nécessaires à l’exercice de sa mission dans une région qui n’est pas à son premier dérapage. L’image de policiers incapables de protéger un homme qui était entre leurs mains pose des questions graves.
Alors que les images du forfait circulaient sur la toile et que les criminels ne cachaient même pas leurs visages, l’Etat s’est montré d’une passivité déconcertante. Cette passivité ne fera qu’aggraver la cassure entre les Algériens que l’Etat prétend éviter à tout prix. Ce ne sont pas les discours creux contre la Fitna qui arrêteront celle-ci mais la justice. C’est pourquoi l’Etat algérien doit agir au plus vite pour arrêter et punir les coupables de ce forfait. Il y va de l’autorité de l’Etat mais aussi de l’unité nationale tant galvaudée dans le discours officiel. En effet, la passivité de l’Etat dans ces circonstances risque d’être interprétée par l’opinion publique algérienne comme une politique de deux poids, deux mesures et un favoritisme régional inadmissible. Certes, le chantage au séparatisme sur lequel surfe un mouvement nationaliste xénophobe des plus extrémistes semble paralyser le pouvoir algérien qui cherche à éviter de tomber dans les provocations de ce mouvement soutenu par des puissances étrangères par une politique de concessions à l’égard de la Kabylie qui devient à la fin complètement improductive. En effet, le chantage au séparatisme kabyle ne peut pas tout justifier. Les Algériens ont le sentiment que pour sauvegarder une unité nationale factice, le pouvoir est prêt à toutes les concessions quand il s’agit de la Kabylie. Ce comportement qui est au départ tout à fait louable n’a malheureusement pas aidé jusqu’ici cette région. Au contraire, il a contribué à nourrir un chauvinisme arrogant dont se nourrit un courant séparatiste qu’on dit minoritaire mais qui réussit apparemment à imposer sa loi aux habitants.
Pire, le chantage au séparatisme est devenu une rente politique pour les minorités culturelles et idéologiques qui ont main basse sur l’Administration et la plupart des entreprises publiques comme l’atteste l’exemple de la Sonatrach et pour leurs expressions politiques au sein de l’opposition pseudo-démocratique (FFS, RCD, MDS). Plusieurs observateurs ont estimé au lendemain de ce crime odieux qui a enflammé les réseaux sociaux que si les choses continuent ainsi, il est fort à craindre que la révolte sociale qui gronde contre l’injustice et la corruption prenne une tournure raciale qui risque de porter atteinte sérieusement à la paix civile et à la cohésion nationale. La balle est désormais dans le camp de l’Etat, premier garant de la paix civile et de l’unité nationale. Les discours creux contre la Fitna ne suffisent pas dans ces circonstances. La main de fer de l’Etat doit s’abattre impitoyablement sur les criminels dans le respect de la loi. Ce ne sont pas les cris de révolte légitime des jeunes algériens sur les réseaux sociaux qui vont allumer le feu de la Fitna. Cette dernière se nourrit de toutes les pratiques régionalistes et racistes que les Algériens supportent depuis 1962 de la part des minorités qui ont squatté les appareils de l’Etat et qui cherchent aujourd’hui à en prendre totalement le contrôle sans passer par le suffrage universel au nom du mot d’ordre trompeur « madania machi askaria » avec le soutien de leurs sponsors étrangers.
Mohamed Merabet