L’Algérie a les capacités d’approvisionner l’Espagne en gaz sans « intermédiaire »
L’expert en énergie, Mahmah Bouziane a affirmé que l’Algérie, en tant que partenaire fiable, est en mesure de garantir tous les approvisionnements en gaz naturel à ses clients, dans la péninsule ibérique où ailleurs, sur les court et long termes, sans avoir recours à un « intermédiaire ». Dans un entretien accordé à l’APS, M. Mahmah Bouziane a fait savoir que l’augmentation des capacités de chargement du gaz naturel du gazoduc Medgaz, de 8 Mds m3 actuellement à 10,5 Mds m3 à compter de la fin novembre prochain, outre le recours aux capacités importantes de l’Algérie en matière de gaz liquéfié, qui s’élèvent à près de 34 Mds m3, lui permettent de renoncer au Gazoduc Maghreb Europe (GME) dont le contrat expire fin octobre 2021. « Tous doivent être conscients que l’Algérie est un fournisseur fiable du gaz. En comptant sur +Medgaz+ pour l’exportation du gaz vers l’Espagne et le Portugal, l’Algérie offre à ses partenaires européens un choix commercial plus sûr et moins coûteux (que le GME) et leur garantit des approvisionnements plus sûrs en gaz naturel pour les 25 voire 30 prochaines années », a-t-il poursuivi. « Le gazoduc +Medgaz+ reliant l’Algérie à l’Espagne, via Beni Saf (Ain Temouchent), dont les capacités, après les travaux d’extension, devront avoisiner celles du GME, permettra aisément d’atteindre le double de la capacité initiale du gazoduc, soit 16 Mds m3, a-t-il expliqué.
Concernant le GME, entré en exploitation en 1996 et qui assure le tiers des approvisionnements en gaz naturel algérien de l’Espagne à partir de Hassi Rmel sur une distance de 1.400 Km, via le Maroc, l’expert a estimé qu’il s’agit là « d’une question commerciale qui ne concerne nullement l’Algérie ».A ce propos, il s’est interrogé sur « l’utilité de rendre l’opération commerciale plus complexe, en cherchant à impliquer une tierce partie en tant qu’intermédiaire. Ni l’Algérie, ni ses partenaires de la péninsule ibérique n’ont besoin de cet intermédiaire, à partir du moment où l’approvisionnement est assuré et en quantités exigées dans le cadre des conditions fixées et de manière permanente et plus sûre sur les moyen et long termes », a-t-il dit. « Etant donné que le niveau de consommation européen de gaz atteindra les 242 Mds m3 à l’horizon 2050, selon les prévisions, la capacité totale des gazoducs en place dépasse le besoin de l’Europe en terme de gaz, et ce, sans compter les capacités en gaz liquéfié…Donc, la multiplication des gazoducs vers l’Europe n’est pas nécessaire », a-t-il estimé. Selon Mahmah Bouziane, l’Algérie, qui est le principal fournisseur d’Espagne en gaz et qui lui a assuré 45,73% de ses approvisionnements durant le 1er semestre de 2021, ne peut risquer sa place (en tant que partenaire important) en aucun cas ». L’Algérie, assurant un approvisionnement exclusif à l’Espagne à travers « Medgaz », la compagnie espagnole « Naturgy » n’aura pas à payer les redevances de passage pour l’exploitation du gazoduc GME.
Citant les chiffres de la Trésorerie générale du Royaume (TGR), il a précisé que la valeur de ces redevances était de 106 millions dollars en 2017, avant d’atteindre 165 millions dollars en 2018 pour rechuter à 51 millions dollars en 2020. Ces revenus viennent s’ajouter aux prélèvements effectués par le Maroc sur le gaz algérien exporté via le GME. « L’arrêt du flux gazier algérien via le GME déchargera le partenaire espagnol Naturgy du paiement des redevances au Maroc », a révélé l’expert, d’autant que Naturgy est actionnaire dans le gazoduc Medgaz reliant directement Béni-saf à Almeria. « Il est préférable que Naturgy exploite ses actions en tant que partenaire au lieu de payer les redevances à autrui », a-t-il poursuivi. Le ministre espagnol des Affaires étrangères, de l’Union européenne et de la Coopération, José Manuel Albares Bueno avait déclaré lors d’une visite en Algérie jeudi, avoir reçu « des garanties » de la part des autorités algériennes pour l’approvisionnement de l’Espagne en gaz, à un mois de l’expiration du contrat du GME liant les deux pays. « J’ai reçu la garantie d’Alger pour l’approvisionnement adéquat de l’Espagne en gaz. Il y a un engagement de la partie algérienne à satisfaire la demande espagnole », a-t-il dit.Fin août dernier, le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab avait affirmé que l’ensemble des approvisionnements de l’Espagne en gaz naturel algérien serait assuré à travers le gazoduc Medgaz (APS)