La Turquie soutient l’option libyenne pour un nouveau tracé du gazoduc transsaharien
10.10.2022. Selon plusieurs sources, la proposition libyenne de faire transiter le gazoduc transsaharien par la Libye plutôt que par l’Algérie bénéficie du soutien de la Turquie. Ce soutien n’a pas que des avantages. Il peut aussi s’avérer un frein au projet dans la mesure où il pourrait provoquer l’opposition de l’Union européenne qui se méfie de la Turquie.
La proposition du ministre libyen du pétrole de faire transiter le gazoduc nigérian par la Libye plutôt que par l’Algérie paraît complètement irréaliste au regard de la situation sécuritaire qui sévit dans ce pays. Mais le gouvernement de Tripoli n’aurait jamais fait une proposition aussi audacieuse s’il n’était pas poussé par la Turquie qui semble avoir imposé sa mainmise sur la partie ouest du pays comme l’illustre l’Accord signé entre les deux gouvernements concernant l’exploitation des gisements pétroliers offshore situés dans les eaux territoriales de la Libye.
Selon le quotidien Al Arab paraissant à Londres, Ankara soutient le gouvernement de Tripoli en vue de faire passer cette proposition en faisant notamment pression sur le Nigeria pour qu’il privilégie désormais cette nouvelle option. Les bénéfices que pourrait tirer la Turquie de ce projet sont nombreux; Sur le plan économique, la Turquie pourra faire bénéficier ses sociétés d’une partie importante des revenus dégagés par l’exploitation du gazoduc. Mais la Turquie est aussi intéressée par le fait que le contrôle de ce gazoduc renforcera indiscutablement son statut géopolitique en Méditerranée et son influence en Europe.
Justement, c’est peut-être ce facteur géopolitique en relation avec le chantage que pourrait exercer la Turquie sur l’Europe, qui pourrait faire capoter la proposition du gouvernement de Tripoli même si tous les autres paramètres internes étaient positifs. Il est normal que chaque Etat cherche à défendre au mieux ses intérêts; Mais selon les observateurs, la Turquie semble avoir parié sur le mauvais cheval de course. La situation sécuritaire qui prévaut en Libye est loin d’être un argument encourageant pour les investisseurs potentiels. Et en cherchant à faire capoter le projet de gazoduc transsaharien qui devrait passer par l’Algérie, la Turquie risque d’irriter un partenaire prometteur et fiable sans gagner au change. Pour le moment, l’Algérie n’a pas réagi à la proposition libyenne soutenue par Ankara. Mais l’Algérie qui accorde un grand intérêt à la réalisation du gazoduc transsaharien a les atouts en main pour faire réussir son projet sans compromettre ses bonnes relations avec les partenaires libyens et turcs.
Mustapha Senhadji