Le directeur de l’AIEA : Les menaces israéliennes contre l’Iran sont contraires au droit international
09.03.2023. En marge de la visite qu’il a effectuée la semaine dernière à Téhéran, le directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique, Rafael Grossi, n’a pas voulu s’exprimer sur les résultats de sa mission en déclarant qu’il allait remettre son rapport au Comité de l’Agence. Mais il a laissé entendre que le dialogue est la seule voie pour revenir à un compromis acceptable par toutes les parties non sans égratigner au passage les menaces israéliennes à l’endroit de l’Iran.
Le directeur de l’AIEA a entamé, vendredi dernier une série de rencontres avec de hauts responsables iraniens à Téhéran. Les puissances occidentales qui tergiversaient jusqu’ici pour reprendre les discussions avec l’ran ont donné leur feu vert à la visite du directeur de l’AIEA à Téhéran après la découverte en Iran de particules d’uranium enrichies à un seuil proche de la quantité nécessaire pour produire une bombe atomique. En effet, selon un rapport confidentiel de l’AIEA cité par l’AFP, des particules d’uranium enrichies à 83,7 %, soit un peu moins des 90 % nécessaires pour produire une bombe atomique, ont été détectées dans l’usine souterraine de Fordo, à une centaine de kilomètres au sud de la capitale Téhéran. L’Iran, qui nie vouloir se doter de l’arme nucléaire, s’est justifié en faisant état « de fluctuations involontaires » au cours du processus d’enrichissement et en assurant « n’avoir pas fait de tentative pour enrichir au-delà de 60 % ».
Les puissances occidentales ont saisi ce prétexte pour exprimer leur inquiétude et tirer la sonnette d’alarme en vue d’accentuer la pression sur l’Iran en feignant d’oublier au passage que ce n’est pas l’Iran mais les Etats-Unis, sous le mandat de Donald Trump, qui se sont retirés unilatéralement, en 2018, de l’Accord de 2015 sur le nucléaire. Le chef de la CIA, William Burns, s’est récemment inquiété de l’avancée fulgurante du programme nucléaire iranien, jugeant qu’il « suffirait (à l’Iran) de quelques semaines pour atteindre les 90 %, le cas échéant. » Par ailleurs, Washington s’alarme de la coopération militaire entre l’Iran et la Russie, Téhéran étant accusé de fournir des drones kamikazes utilisés en Ukraine, ce que l’Iran dément. De son côté, Moscou est susceptible de fournir des systèmes de défense aérienne qui permettraient à l’Iran de contrer les éventuelles attaques israéliennes contre les sites nucléaires iraniens. De son côté, la France dont le gouvernement montre de plus en plus un alignement flagrant sur les thèses de l’Otan, a jugé qu’il s’agissait d' »un développement sans précédent et extrêmement grave« .
La visite du directeur de l’AIEA intervient près d’un an après le dernier déplacement en date du diplomate argentin à Téhéran, en mars 2022. L’accord semblait alors possible pour une reprise des négociations entre les grandes puissances et l’Iran sur le dossier nucléaire. Mais la guerre en Ukraine a chamboulé le calendrier. La visite du directeur de l’AIEA devrait « relancer le dialogue » après des mois de crise après que les Américains et leurs alliés se soient rendus compte de l’échec de leur récente tentative de provoquer une « révolution de couleur » en Iran. Si l’Iran se montre ouvert au dialogue, en revanche, les observateurs s’inquiètent du bellicisme croissant du gouvernement israélien qui risque de mettre le feu aux poudres dans la région s’il mettait à exécution ses menaces d’attaquer les sites nucléaires iraniens. Interrogé sur ces menaces, le directeur de l’AIEA a clairement répondu: » les menaces israéliennes d’attaquer les sites nucléaires iraniens sont contraires au droit international. » (Algérie solidaire)