Les déclarations de l’historien Mohamed Amine Belghit divisent la classe politique algérienne

06.05.2025. Les déclarations de l’historien algérien Mohamed Amine Belghit qui lui ont valu une inculpation et une mise en détention provisoire ont été reçues diversement au sein de la classe politique algérienne qui semble plus que jamais divisée par cette affaire. Si les partis dits démocratiques implantés principalement en Kabylie et dans l’Algérois (FFS, RCD) ont condamné fermement les propos de l’historien, les partis islamistes n’ont pas caché leur sympathie pour l’inculpé même si tout le monde semble attaché à la cohésion nationale. En revanche, silence radio du côté des partis nationalistes (FLN, RND, Front El Mostakbal)

Lors d’un discours prononcé à Ouargla, le premier secrétaire national du FFS,, Youssef Aouchiche, a fermement dénoncé la montée inquiétante des « discours de haine et de division », dans un contexte régional et international qualifié de « hautement sensible ». Sans nommer l’historien Mohamed Belghit, le FFS s’est insurgé contre « les déclarations empoisonnées » de certains « pseudo-intellectuels » qui s’attaquent aux fondements de l’identité algérienne, constitutionnellement définie comme étant composée de l’islam, de l’amazighité, de l’arabité et de la modernité. Selon le FFS, de telles dérives ne peuvent être considérées comme de simples opinions, mais bien comme des tentatives de déstabilisation nationale, appelant à une riposte étatique ferme. Le parti réitère son attachement à une Algérie unie dans sa diversité, affranchie des influences idéologiques étrangères, qu’elles soient moyen-orientales ou occidentales.

De son côté, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a exprimé sa profonde inquiétude et sa grande indignation suite aux déclarations gravissimes tenues par M. Mohamed El Amine Belghit, qui accuse « Tamazight et l’ensemble de ceux qui œuvrent à sa valorisation et à sa promotion d’être une fabrication des services de renseignement sionistes et français ». Au passage le RCD n’a pas hésité à déformer les propos de l’intéressé et à instrumentalisé le fait qu’il a tenu ces propos sur une chaîne émiratie. Le RCD estime qu’il s’agit d’une « dérive médiatique aussi dangereuse que suspecte, qui vise à fragiliser l’unité du peuple algérien et à discréditer l’un des piliers fondamentaux de son identité ». Le RCD rappelle qu’il fut à « l’avant-garde du combat politique pour la reconnaissance de la composante amazighe dans l’identité nationale. Il condamne fermement ces déclarations qui représentent une atteinte grave aux fondements de notre vivre-ensemble, une incitation à la discorde et une négation du principe fondamental d’égalité citoyenne, socle de toute démocratie véritable »

En revanche, les partis de la mouvance islamiste (MSP, Mouvement El Bina) ont saisi cette occasion pour renouveler leur attachement à l’unité de l’Algérie dans sa diversité mais ils ont tenu en même temps à défendre l’historien lynché par les médias de la galaxie berbériste qui sont dominants au sein de la presse francophone algérienne. Sur sa page Facebook, l’ancien président du MSP, Abderrazak Makri a dénoncé la diabolisation de l’historien Mohamed Belghit et a rappelé que les différends posés par ses déclarations devaient se régler dans des débats académiques et médiatiques contradictoires et non devant les tribunaux. Pour sa part, le président du parti El Bina, Abdelkader Bengrina n’a pas hésité à demander au chef de l’Etat, implicitement, d’intervenir en faveur de l’historien injustement arrêté même s’il a reconnu qu’il n’est pas « habilité » à donner au président de la République des « leçons de patriotisme » ou sur la manière de préserver l’unité et la cohésion nationales, et qu’il ne prétend pas être plus conscient que le chef de l’Etat des dangers auxquels le pays est confronté » et qu’il ne conteste pas les décisions de la justice algérienne (Algérie solidaire)

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