Le Festival « Aflam du Sud »de Bruxelles : une vitrine culturelle du Sud ou un outil de propagande pour le Maroc ?

18.09.2025. La 14e édition du Festival du cinéma arabe « Aflam du sud » de Bruxelles se déroule cette année du 22 au 25 septembre 2025 dans la salle de cinéma Vendôme dans la capitale belge. Pour un Festival qui se veut ouvert sur le monde arabe et plus généralement sur le sud, une question se pose : pourquoi plus de 80% des films projetés sont marocains ?
Dans la présentation des organisateurs, on peut lire que le Festival » célèbre la richesse, la diversité et la puissance du cinéma venu des mondes arabe et du Sud » ou encore « Ce festival est une fenêtre ouverte sur des réalités multiples, des histoires intimes, des perspectives souvent méconnues. C’est un pont entre les cultures, un espace de dialogue et de compréhension mutuelle« . Mais en regardant attentivement le programme du Festival, on ne manquera pas de constater une petite bizarrerie. Plus de 80% des films programmés sont marocains, franco-marocains ou belgo-marocains. Il n’y a que deux films algériens programmés: « Terre de vengeance » de Anis Djaad et le court métrage « Après le soleil » de Rayane Mcirdi. Un seul film franco-suisse-égyptien. Pas un film tunisien. Pas un film palestinien ou sur la Palestine (comme si la guerre génocidaire à Gaza n’existait pas). Pas de film libanais non plus.
Certains pourraient expliquer le centrage du Festival sur la production marocaine par le fait que la communauté marocaine représente la principale communauté non-européenne en Belgique et par le fait que parmi les sponsors de l’évènement on trouve la Fondation Hassan II qui est une émanation directe de l’Etat marocain. D’ailleurs, la directrice du Festival n’est autre que la Marocaine Rachida Chbani. Soit. Mais dans ce cas pourquoi ne pas changer le nom du Festival et l’appeler tout simplement « Festival du film marocain » ?
Il ne faut pas oublier que le Festival est essentiellement financé par des institutions belges. Il n’est donc pas normal qu’un Festival censé être un Festival du Sud soit détourné par une entité comme la Fondation Hassan II pour alimenter le chauvinisme marocain et faire du marketing politique et diplomatique au service du Makhzen. Les autorités belges mais aussi les autres communautés présentes en Belgique devraient prendre garde à ce genre de manipulations politiciennes qui ne servent ni la culture ni le vivre-ensemble en Belgique et en Europe. La responsabilité des autorités subsidiantes belges est engagée. Comment acceptent-elles le fait que l’argent public belge soit ainsi détourné au service des intérêts d’un Etat étranger ? (Algérie solidaire)