Pour Soufiane Djilali, « le peuple algérien est orphelin d’une élite qui l’éclaire et l’encadre »
23.12.2025. En conformité avec sa volonté de quitte rla vie politique pour se consacrer au combat d’idées, l’ex-président du parti Jil Jadid, Soufiane Djilali, a publié l’an dernier un ouvrage critique sur la modernité occidentale en mettant l’accent tant sur ses apports que sur ses limites.
L’ouvrage intitulé « La modernité, genèse et destin de la civilisation occidentale contemporaine”, paru aux éditions Les presses du Chélif, se veut un essai critique qui a pour objet d’éclaire le lecteur sur les multiples facettes de la modernité qui a accouché de la civilisation occidentale. Cette question est essentielle dans notre pays en quête de modernisation mais dont les élites restent partagées entre une version occidentalisée de la modernité tournant le dos à ses traditions culturelles et un rejet pur et simple de celle-ci au nom d’une conception rétrograde de la religion.
Ce n’est pas la première fois que Soufiane Djilali aborde cette question épineuse. Déjà en 2017, il avait publié un ouvrage intitulé « La société algérienne, choc de la modernité, crise des valeurs et des croyances » dans lequel il décrivait la société algérienne traditionnelle, avec ses structures anthropologiques et surtout les effets pathogènes de l’intrusion de la modernité depuis l’époque coloniale jusqu’au modèle de développement qui s’est imposé depuis l’indépendance. La violence du processus de modernisation a contribué à déstabiliser tous les repères psychosociologiques de la société et c’est ce qui explique selon l’auteur les profonds troubles des années 90 qui ont vu l’explosion d’une « violence névrotique », « au nom d’un islam-refuge ».
Dans un entretien datant du 5 octobre 2024 au site oumma.com, Soufiane Djilali s’est confié sur son dernier ouvrage consacré à la modernité occidentale, L’auteur qui reconnaît s’inspirer du grand penseur algérien Malek Bennabi, admet d’emblée que notre avenir dépend de notre capacité à concilier modernité et tradition, foi et raison au lieu de les opposer comme le font certains courants extrémistes de tous bords. » Le désarroi dans lequel surnage Homo modernicus l’incite à se débarrasser de son Surmoi, réceptacle de la civilité. Il ne veut plus de la contrainte, ni de la morale et bientôt plus de l’éthique. La société ne fonctionne que grâce à des règles imposées par la loi et la contrainte de l’Etat face à la libération des instincts et des pulsions. Les hommes ont perdu leur échine mentale qui fortifiait leur volonté et leurs principes de vie, et ont donc désormais besoin d’un exosquelette pour se maintenir en tant qu’être. L’homme moderne dérive peu à peu vers une forme de robotisation » affirme l’auteur. Même si la question du rapport entre modernité et tradition reste très complexe et mérite des développements plus conséquents, il n’en reste pas que l’ouvrage de Soufiane Djilali constitue une excellente contribution au d »bat d’idées dans notre pays où les élites politiques se distinguent par une indigence intellectuelle inquiétante.
Mohamed Merabet