Hamrouche offre ses services politiques aux décideurs
Dans le cadre d’un forum organisé par le quotidien El Hiwar, l’ancien premier ministre, Mouloud Hamrouche est revenu sur les derniers développements que connaît la scène nationale aussi bien sur le plan politique que sur le plan économique. Dans ce contexte, Hamrouche a tenu à rappeler que même si les hommes ont leur part de responsabilité dans ce qui arrive quand ils font partie des décideurs, il faut se focaliser moins sur les personnes que sur les mécanismes qui président à la reproduction du système instauré depuis des décennies. Hamrouche a rappelé à cet égard qu’à l’exception du défunt président Houari Boumediene qui est arrivé au pouvoir par lui-même, tous les autres chefs d’Etat qui l’ont suivi ont été cooptés. Hamrouche n’a pas précisé par qui mais on devine qu’il parle de l’armée. Pour Hamrouche c’est cette règle qui préside au choix des présidents qu’il faut changer pour espérer passer à un changement de système et à une nouvelle gouvernance politique et économique.
Les déclarations de Mouloud Hamrouche paraissent à première vue séduisantes surtout qu’elles ne blessent aucune personne. Mais pour les observateurs qui suivent de près l’actualité politique nationale depuis deux décennies, Hamrouche est très mal placé pour parler de changement de système puisque lui-même a été propulsé à la tête du gouvernement par l’ancien président Chadli Bendjedid. Les réformes que Hamrouche aime à revendiquer comme s’il en était le père étaient avant tout un choix du président Chadli et de son entourage sans parler du fait qu’elles s’inscrivaient dans le cadre de la réponse à des pressions politiques et économiques exercées par des puissances étrangères.
Selon les observateurs interrogés, Hamrouche s’est toujours comporté comme s’il attendait le feu vert des décideurs militaires auxquels il demande aujourd’hui de cesser de jouer à la cooptation des dirigeants politiques. Ces observateurs se demandent comment Hamrouche compte devenir président sans être coopté si par ailleurs il ne fait rien pour créer un fort courant d’opinion au sein de la société et une machine politique capable de mener une campagne électorale à l’échelle nationale. Pour ces observateurs, Hamrouche feint d’attaquer le système pour mieux forcer la main aux décideurs militaires afin qu’ils le cooptent dans le cadre d’une élection présidentielle-bidon qui ressemble à toutes celles auxquelles les Algériens sont habitués.
Pour confirmer ces craintes, les observateurs rappellent le petit message de Hamrouche à l’adresse de Bouteflika quand il a loué le caractère « institutionnel » et non personnel des derniers changements effectués à la tête du DRS et son signal positif aux puissances occidentales quand il a nié toute menace extérieure contre la stabilité et la sécurité de l’Algérie, ce qui ressemble en politique à une offre de service à peine déguisée…