Zekri s’inquiète de la montée de l’islamophobie en France
Dans une déclaration à un journal en ligne, le président de l’observatoire sur l’islamophobie en France, Abdallah Zekri a relayé les inquiétudes croissantes de la communauté musulmane de France au lendemain des attentats terroristes de Paris. « Au lendemain de l’attentat de Charlie Hebdo,nous avions enregistré une explosion de réactions islamophobes. 178 actes racistes ont, en effet, été recensés durant le mois de janvier 2015. Actuellement, il règne un silence inquiétant. Ceci me surprend. D’une part, parce qu’habituellement, il y a une montée assez forte d’actes islamophobes après un attentat et, d’autre part, il va de soi que les groupes identitaires et autres formations extrémistes vont encore une fois se manifester. D’après ce que je lis sur les réseaux sociaux, je pense que les groupes identitaires et ceux qui les assistent pourraient se préparer à des actions de représailles contre les musulmans de France. Si cela est l’objectif de ces messages sur Internet, ce serait vraiment très grave. »
Abdallah Zekri ne cache pas son inquiétude au lendemain de la publication des mesures d’urgence prises par le gouvernement français pour faire face aux menaces terroristes. « Nous avons discuté avec les autorités françaises au sujet de la décision prise par François Hollande, relative à l’instauration de l’état d’urgence, qui va permettre aux policiers de perquisitionner les domiciles, fouiller les gens, etc. Cette décision nous inquiète parce que, dans la mesure où quand on parle de terrorisme, il s’agit toujours d’Arabes et de musulmans. Il faut à tout prix éviter cela. Déjà, avant même que cette décision n’entre en vigueur, il existe des contrôles de faciès. Si l’état d’urgence était appliqué, il pourrait provoquer un effet contraire. Il faut éviter l’amalgame, la stigmatisation des musulmans. Arrêter des jeunes dans la rue, les plaquer contre un mur, les fouiller…, cela serait fatal pour le vivre ensemble. Il faudrait que les services de police chargés des contrôles fassent attention. Le ministère de l’Intérieur doit aussi instruire les policiers d’agir avec précaution. Nous devons nous réunir avec le ministre de l’Intérieur incessamment. »
Abdallah Zekri rappelle enfin que si la majorité des victimes de ces attentats sont bien françaises, la principale victime politique des suites de ces évènements tragiques risque d’être la communauté musulmane : « Il y a eu des victimes françaises, certes, mais la première victime par rapport aux racines, par rapport à la stigmatisation, du fait d’être montrée du doigt, c’est la communauté musulmane. Il y a cinq millions de musulmans qui vivent en France et tous respectent les valeurs de la République. Il y a des Français convertis qui commettent ce genre d’actes et qui n’ont rien à voir avec les musulmans de France. J’ai pu rencontrer des parents de jeunes qui sont partis en Irak et en Syrie, et j’ai constaté qu’il y avait très peu d’Algériens parmi eux. La majorité de ces jeunes est issue d’autres pays. Il est vrai que certains évoquent l’exclusion, le racisme, le chômage, etc., mais il y a aussi les discours stigmatisant des hommes politiques, comme, par exemple, M. Estrosi qui parle de «cinquième colonne», ou d’autres qui disent que «les immigrés d’aujourd’hui sont les terroristes de demain» ou encore que «les musulmans n’ont rien à faire en France»…
Abdallah ne nie pas que parmi les causes de la radicalisation de certains jeunes, il y a le discours extrémiste de certains imams salafistes en France mais il se demande comment se fait-il que le Ministère français de l’intérieur laisse faire du moment que les services de sécurité français en sont informés. « Vous savez, la France préfère les discours aux actes. Le ministère de l’Intérieur avait avancé le chiffre de cent mosquées dirigées par des salafistes. S’il est arrivé à localiser ces salafistes, je suis favorable, personnellement, à ce qu’ils soient expulsés, car ils portent atteinte aux musulmans qui cherchent à vivre en paix. Il faut fermer ces lieux et expulser leurs responsables » A ce sujet, Abdallah Zekri laisse entendre que parfois l’existence de ce genre de mosquées et d’imams arrange certains en France…