Ouyahia s’en prend à Khaled Nezzar
Lors de sa dernière conférence de presse, le secrétaire général par intérim du RND, Ahmed Ouyahia, n’a pas hésité à s’en prendre publiquement à l’un de ses anciens mentors, le général à la retraite Khaled Nezzar. En cause, la dernière déclaration de ce dernier détaillant comment ses deux comparses (le général Mohamed Touati et Ali Haroun) avaient écrit la lettre de « démission » de l’ancien président Chadli Bendjedid. En avouant ce détail, le général Nezzar a de fait reconnu qu’il s’agissait bien d’un « coup d’Etat » et non d’une « démission » comme lui et ses amis se plaisent à le répéter. Il n’était pas difficile pour A. Ouyahia de se rendre compte de la bévue du général Khaled Nezzar et il ne s’est pas gêné de le lui rappeler. A. Ouyahia a déclaré regretter les paroles du général Nezzar qui a, selon lui, donné raison aux « criminels » (entendre les partisans du FIS) qui dénoncent le coup d’Etat du 11 janvier 1992.
A.Ouyahia a saisi cette occasion pour rappeler qu’il avait participé au Comité national pour le salut de l’Algérie (CNSA), la vitrine politique derrière laquelle se sont cachés à l’époque les généraux qui avaient destitué le président Chadli et arrêté le processus électoral. Comment expliquer cette sortie médiatique de A.Ouyahia à ce moment précis ? Pour les observateurs de la scène politique nationale, A. Ouyahia est en train de jouer sa dernière carte dans la rivalité politique qui l’oppose aux dirigeants du FLN. Il cherche à se présenter sous les dehors d’un homme d’Etat soucieux de la continuité et de la stabilité des institutions, en rappelant notamment aux décideurs ses états de services passés quand l’Etat algérien était en danger.
En effet, le retour de A. Ouyahia sur les évènements de janvier 1992 n’est pas fortuit. Contrairement à la direction du FLN qui a depuis le début salué l’opération de restructuration du DRS et appelé à l’établissement d’un « Etat civil », A. Ouyahia avait timidement commenté ce qu’il a présenté comme une opération relevant des prérogatives du président de la république, non sans saluer au passage son « compagnon et ami », le général Toufik. En se permettant ce genre de position qui peut paraître suicidaire si on part de l’hypothèse que le général Toufik ne représente plus rien, A. Ouyahia sait que cela peut lui servir dans les batailles futures quand le clan, qui cherche à faire main basse sur la présidence avec le soutien de la France, aura besoin d’unifier et de mobiliser tous les partisans de Nezzar et de Toufik contre leur bête noire actuelle, le chef de l’armée, le général Ahmed Gaïd-Salah.