A cause de l’embargo technologique, le premier vol d’essai du Su-75 n’aura pas lieu avant 2027

04.03.2023. L’embargo technologique décrété par les Etats-Unis et leurs alliés contre la Russie a des conséquences directes sur les capacités de production des équipements militaires russes. C’est le cas notamment du programme de développement de l’avion léger de 5ème génération, le Su-75 « Checkmate » qui risque d’être retardé de quelques années.

On se rappelle que la maquette du futur avion de combat léger de 5e génération Su-75 « Checkmate » fut la star du salon MAKS à l’été 2021. Les passionnés et spécialistes de l’aéronautique étaient sous le charme de ce nouvel appareil futuriste. L’appareil était censé permettre à la Russie de rattraper son retard technologique sur ses concurrents américains et européens. Le Checkmate était surtout destiné à concurrencer le F-35 américain. Conçu sur la base de son frère aîné le Su-57, plus lourd et plus cher, le Checkmate était destiné à être exporté vers les marchés d’Asie du sud est, du Moyen Orient et d’Amérique du sud mais pouvait également remplacer les Mig 29 au sein des forces aériennes russes.

Le prototype de l’avion devait être prêt pour 2023 et le premier vol d’essai était planifié pour 2025. La guerre en Ukraine et ses conséquences internationales ont remis en question ce calendrier. L’embargo technologique international imposé par les Etats-Unis et leurs alliés a plombé l’industrie aéronautique russe et a touché directement le programme de développement du » Checkmate ». Sans jamais prononcer les mots «restrictions économiques», «embargo», ou même «Ukraine», les responsables du géant aéronautique russe UAC ont reporté les essais de roulage et le vol inaugural de l’avion à la fin 2024 voire à 2025, ce qui signifie que le premier vol de présérie de l’appareil n’aura pas lieu avant 2027. Mais le plus grave est le retrait des Emiratis du programme, ce qui pourrait compromettre son existence d’autant plus que l’avion ne constitue pas une priorité pour les forces aériennes russes qui n’ont pas un besoin urgent d’un avion de combat léger monomoteur étant donné la taille de leur espace aérien.

Pour continuer à alimenter l’espoir, les responsables du programme ont présenté récemment une nouvelle maquette à l’échelle 1 de l’avion, à défaut d’un démonstrateur technologique. Si officiellement, le programme n’est pas abandonné, tout dépendra de la fin de la guerre en Ukraine et de la possibilité de trouver un nouvel investisseur étranger qui viendra se substituer aux Emiratis. Pour rappel, l’Algérie qui a opté pour le Su-57 n’a jamais montré publiquement un intérêt pour le Checkmate. Depuis le passage au Mig 29, l’armée de l’air algérienne ne s’est plus intéressée aux avions monomoteur. Pourtant, l’évolution technologique a montré qu’un avion léger monomoteur, outre ses capacités intrinsèques ( facilité et coût d’entretien, faible signature radar)) pourrait rivaliser avec des avions plus lourds en termes de capacité d’emport comme l’atteste l’exemple du F-16 block 70/72 et pourrait s’avérer un bon complément aux appareils lourds comme le Su-30 ou le Su-57.

Abdelkader Boussouf