Abou el Gheit nouveau secrétaire général de la Ligue arabe
Le diplomate égyptien Ahmed Abou el Gheit a été nommé jeudi au poste de secrétaire général de la Ligue arabe malgré les réserves du Qatar sur sa candidature. Le Qatar reproche en effet au dernier ministre des Affaires étrangères de l’ex-président Hosni Moubarak d’avoir poussé son pays à bouder en 2009 un sommet arabe sur le conflit israélo-palestinien organisé par le petit émirat du Golfe. Le ministre qatari des Affaires étrangères Cheikh Mohamed ben Abderrahmane Al-Thani a cependant exprimé « les réserves » de son pays sur le choix de M. Abou el Gheit, espérant qu’il « maintiendrait le contact avec tous les pays arabes pour servir les intérêts de l’action arabe commune ». Les relations entre l’Egypte et le Qatar se sont considérablement dégradées depuis la destitution par l’armée égyptienne du président islamiste élu Mohamed Morsi, en juillet 2013. Le Caire reproche à Doha son soutien à l’organisation de M. Morsi, les Frères musulmans, qui sont la cible en Egypte d’une répression sanglante régulièrement dénoncée par le Qatar. Par ailleurs, la nomination d’Abou el Gheit au poste de secrétaire général de la Ligue arabe a suscité une vague d’indignation sur les réseaux sociaux. Les internautes arabes reprochent à l’ancien ministre de Moubarak sa compromission avec l’occupant israélien lors des guerres contre le Liban (2006) et la bande de Gaza (2008) et son amitié affichée avec l’ex-ministre des affaires éttangères israélienne Tzipi Livni.
La Ligue arabe a quasiment toujours été dirigée par des diplomates égyptiens, Le Caire estimant qu’en tant que puissance régionale accueillant le siège de l’organisation, ce poste lui revenait. Contrairement à Amr Moussa, qui l’a précédé aux Affaires étrangères et qui s’est fait connaître pour ses positions hostiles à Israël, M. Abou el Gheit a adopté une ligne plus conciliante à l’égard de l’Etat hébreu lorsqu’il a été nommé à la tête de la diplomatie égyptienne en 2004. Fin 2008, il avait accusé le mouvement islamiste Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, d’avoir provoqué une offensive israélienne sur l’enclave palestinienne. Le fait que l’Algérie ait voté en faveur d’Abou el Gheit a étonné les observateurs mais une source diplomatique a expliqué la position algérienne par le fait que l’Algérie attend, en retour, un soutien de l’Egypte à sa position hostile à toute intervention militaire étrangère en Libye.
Le nouveau secrétaire général sera confronté aux guerres en Syrie et au Yémen, qui reflètent les luttes d’influences entre les deux puissances régionales, l’Arabie saoudite sunnite et l’Iran chiite. Au Yémen, Ryad combat des rebelles chiites soutenus par l’Iran. En Syrie, le royaume saoudien soutient les rebelles face au régime de Bachar al-Assad, grand allié de Téhéran. Autre dossier sensible, la création d’une armée arabe conjointe, un projet ambitieux présenté par l’Egypte, entériné en mars 2015 lors du sommet annuel. Mais cette force n’a toujours pas vu le jour et le projet piétine en raison des réticences de certains pays membres dont l’Algérie qui refuse le principe de l’intervention de son armée en dehors de son territoire.