Ahmed Ouyahia pourra-t-il rééditer le scénario de Ben Ali en Algérie ?
Le scénario peut paraître fou mais il n’est pas impossible. L’opposant algérien exilé en Angleterre, Mohamed Larbi Zitout a jeté un véritable pavé dans la mare en soutenant le scénario d’un possible recours du revenant Ahmed Ouyahia à l’article 102 de la Constitution en vue de destituer le président de la république Abdelaziz Boutaflika. C’est un scénario qui rappelle le fameux « coup d’Etat médical » du général Ben Ali contre le président tunisien de l’époque, feu Habib Bouguiba, en novembre 1987.
Le scénario évoqué par l’opposant algérien peut paraitre loin de la réalité dans la mesure où le premier ministre Ahmed Ouyahia ne dispose pas actuellement des atouts dont disposait le général Ben Ali en Tunisie. Ce dernier dirigeait les services de sécurité et il a pu compter sur le soutien des chefs de l’armée tunisienne à l’époque. Comment Ouyahia peut-il exécuter son coup d’Etat alors qu’il ne contrôle pas directement les services de sécurité et ne paraît pas disposer du soutien du commandement de l’armée algérienne ? L’opposant algérien soutient que le scénario d’un « coup d’Etat » à la Ben Ali ne peut réussir que si Ouyahia arrive à arracher le soutien du commandement de l’armée et des services de sécurité à l’intérieur et le soutien de la France à l’extérieur. Ce double soutien n’est pas impossible dans les conditions actuelles dans la mesure où la vacance du pouvoir du président Bouteflika risque d’accélérer le délitement des institutions de l’Etat algérien avec toutes les conséquences que cela suppose pour la sécurité et la stabilité de l’Algérie, un scénario redouté aussi bien par les chefs de l’armée et des services de sécurité que par les partenaires extérieurs et à leur tête la France.
Reste à savoir dans ce scénario le rôle probable de l’ancien patron de l’ex-DRS, le général Toufik dont les liens avec Ahmed Ouyahia sont un secret de polichinelle. Le général Toufik peut compter encore sur des hommes fidèles au sein de l’armée et des services de sécurité. Va-t-il conseiller à Ouyahia de jouer la carte d’une alliance avec le commandement de l’armée contre le clan Bouteflika ou au contraire lui conseillera-t-il de s’allier dans un premier temps avec Saïd Bouteflika pour avoir la tête de Gaïd Salah en vue de se frayer plus tard un chemin plus sûr vers le palais d’El Mouradia ? Pour les observateurs, ces scénarios ne sont pas absolument impossibles et la dernière sortie médiatique du chef d’état-major de l’ANP, le général de corps d’armée, Ahmed Gaïd Salah rappelant le caractère « républicain » de l’armée algérienne et son attachement à ses « missions constitutionnelles », est un indice qui pourrait confirmer que quelque chose se trame actuellement dans les coulisses en vue de prendre le contrôle de l’institution présidentielle.