Augmentation inquiétante des actes islamophobes en Europe
Au lendemain de l’arrestation par la police belge de l’homme le plus recherché en Europe après les attentats de Paris du 13 novembre, Salah Abdesslam, sur dénonciation d’un contact qu’il avait appelé pour lui trouver une planque, les musulmans et les associations des droits de l’homme s’inquiètent de la multiplication des mesures attentatoires aux libertés individuelles prises dans le cadre du renforcement du dispositif antiterroriste et de l’augmentation des actes islamophobes visant tout particulièrement les femmes musulmanes portant le foulard. Le fait que l’arrestation de Salah Abdesslam ait donné lieu à un attroupement de jeunes du quartier risque de conduire à une stigmatisation plus forte des jeunes de la commune de Molenbeek.
Pour rappel, depuis les attentats de Paris et tous les événements qui ont suivi, le Collectif contre l’islamophobie en Belgique (CCIB) a remarqué une augmentation de la gravité des actes anti-musulmans. « Les propos islamophobes sur la Toile prennent désormais la forme de véritables appels au meurtre. Ensuite, des jeunes femmes en foulard qui se faisaient insulter en rue se font maintenant agresser. La nature des faits est donc nettement plus préoccupante », ajoute Patrick Charlier le directeur francophone du Centre interfédéral pour l’égalité des chances. Dix délits ou crimes de haine, c’est-à-dire des agressions, des menaces de mort… ont ainsi été répertoriés en un peu plus d’un mois. De même, la violence policière et le comportement de certains membres des forces de l’ordre interpellent : interventions très musclées, discrimination manifeste…La crainte du vice-président du CCIB, Hajib el Hajjaji, est l’impact que ces actes peuvent avoir sur les jeunes musulmans : « S’ils ont déjà l’impression et qu’ils constatent en plus que ceux qui représentent l’État, cet État de justice, de droit qu’on leur vend, vont à l’encontre de leurs droits, cela ne peut qu’accentuer les phénomènes de repli et de radicalisation qu’on observe aujourd’hui.»
Au lendemain de l’opération anti-terroriste à Verviers (Belgique) en janvier 2015, la Ligue des droits de l’Homme-Belgique avait commenté les mesures prises par la Chambre des députés en titrant : « Nouvelles lois anti-terroristes : des mesures plus cosmétiques qu’utiles mais qui envoient un signal d’exclusion aux nouveaux Belges » et en écrivant notamment : « Si la vigilance et la prévention doivent être de mise dans le contexte troublé actuel et que le gouvernement doit prendre ses responsabilités pour répondre au besoin légitime de sécurité de la population, il est tout aussi important que ces mesures n’empiètent pas de manière disproportionnée sur les libertés citoyennes en mettant à mal certains droits et principes fondamentaux, garants de cet État de droit que les terroristes honnissent ».