Azzedine Mihoubi, le candidat préféré de Paris ?
Depuis quelques jours, des signes qui ne trompent pas dans les médias algériens montrent qu’un des cinq candidats à la présidentielle, en l’occurrence le candidat du RND, Azzedine Mihoubi, semble bénéficier d’une couverture médiatique spéciale, trop spéciale pour croire au simple hasard. Un site connu pour sa proximité avec les services algériens s’est même permis récemment de le présenter comme le candidat qui aurait le plus de chances dans la bataille électorale qui s’annonce imprévisible. Les soupçons nourris par certains observateurs algériens semblent partagés par des sources étrangères. C’est ainsi que site proche des renseignements marocains et français, Maghreb Intelligence, n’a pas hésité à décrire le candidat Mihoubi en termes très flatteurs : » A la tête du RND, il a entre les mains un véritable appareil politique qui dispose de puissants relais dans toutes les administrations de l’Etat algérien. Instruit, écrivain, apprécié par de nombreux émirs des pays du Golfe, Mihoubi tape rapidement dans l’oeil de l’institution militaire algérienne au point où il s’impose pendant l’été 2019 comme l’alternative la plus sérieuse pour trouver un nouveau Président à l’Algérie. »
Mais le soutien dont bénéficierait Azzedine Mihoubi ne s’arrête pas là puisqu’il semble selon le même magazine bénéficier également de la sympathie de la France : « Mais il ‘y a pas que l’armée qui apprécie Azzedine Mihoubi. Même une puissance comme la France, dont le lobbying est majeur et important en Algérie, apprécie son profil et un dernier rapport transmis aux services du Quai d’Orsay par l’ambassade de France à Alger suggère fortement au gouvernement français de miser sur Mihoubi, présenté comme un « ami à la France ». « Un intellectuel ouvert d’esprit, connecté aux évolutions du monde d’aujourd’hui et séduisant par ses idées modernistes. La diplomatie française trouve en Mihoubi le meilleur candidat de ces élections présidentielles algériennes. »
Pour les observateurs politiques interrogés, il est difficile d’imaginer qu’un candidat puisse réunir en même temps la sympathie du commandement de l’armée algérienne et de la France tant les positions de ces deux entités semblent s’opposer dans la conjoncture actuelle. Selon les mêmes observateurs, si jamais Azzedine Mihoubi a pu bénéficier de la sympathie des chefs de l’armée algérienne à un moment donné, le fait que l’ambassade de France l’adoube risque de le desservir plus qu’autre chose. Par ailleurs, la campagne médiatique hostile au candidat libre Abdelmadjid Tebboune, qui a pu faire peur au commandement de l’armée algérienne, ne semble pas avoir atteint le but escompté si on se fie à la popularité dont ce candidat continue de bénéficier sur les réseaux sociaux. Dans une campagne électorale dans laquelle tous les coups tordus sont permis, la désinformation reste une arme implacable mais le dernier mot reviendra aux citoyens qui iront voter le 12 décembre prochain.
Mustapha Senhadji