19 mai 1956 : Communiqué du Mouvement démocratique progressiste
A l’occasion de la célébration de la journée du 19 mai, le Mouvement démocratique progressiste (MDP) a publié un communiqué que nous reproduisons ci-dessous :
Il y a 60 ans, en cette journée mémorable du 19 mai 1956, les étudiants algériens décidaient d’entrer en grève illimitée et de rejojndre les rangs de l’Armée de libération nationale (ALN) avec pour mot d’ordre « Nous ne ferons pas de meilleurs cadavres avec nos diplômes ». L’engagement historique des étudiants, aux côtés des paysans et des classes populaires urbaines, tant durant la guerre de libération nationale que dans l’édification des institutions de l’Etat national moderne au lendemain de l’indépendance, fut un des gages de l’approfondissement démocratique et social de la Révolution algérienne dans l’esprit de la Déclaration du 1er Novembre 1954.
Malheureusement et malgré tous les acquis enregistrés par l’Algérie depuis l’accession à l’indépendance nationale, une dérive bureaucratique a empêché la Révolution algérienne d’aller jusqu’au bout de ses potentialités nationales, démocratiques et sociales rappelées dans le programme de Tripoli (juin 1962) en accord avec l’esprit de la Déclaration du 1er Novembre 1954. Si durant les premières décennies après l’indépendance, cette dérive n’a pas entamé les principes fondamentaux de la Révolution algérienne, aujourd’hui le risque est grand de voir une nouvelle bourgeoisie compradore alliée à la bureaucratie centrale et aux lobbies néocoloniaux français faire main basse sur les institutions de l’Etat algérien pour les vider de toute substance nationale et populaire, mettant ainsi gravement en cause la cohésion sociale laquelle constitue un des garants les plus sûrs de l’unité de la nation et de la stabilité des institutions de l’Etat.
Le message du président de la république à l’occasion de la célébration de la Journée nationale de l’étudiant a mis l’accent sur plusieurs points importants qui méritent une attention particulière de la part du mouvement estudiantin. Il en est par exemple du lien indissoluble existant entre l’engagement des étudiants algériens et le caractère social imprimé à la révolution algérienne. Cependant, les acquis enregistrés par l’Algérie indépendante en général, et l’Université algérienne en particulier, sont aujourd’hui menacés par une bourgeoisie compradore prête à pactiser avec l’ancien colonisateur en vue de préserver ses privilèges d’où la nécessité pour le mouvement estudiantin de reprendre la lutte pour la défense et l’approfondissement des acquis sociaux et démocratiques de la révolution algérienne.
Le rappel par le président de la république du devoir qui incombe aujourd’hui à la jeunesse, et particulièrement à la jeunesse formée, de contribuer à la bataille de la sortie progressive de la dépendance à l’égard des hydrocarbures, est d’autant plus bienvenu dans cette période marquée par une grave crise financière suite à la contraction des recettes pétrolières, une crise qui pourrait affecter les programmes de développement économique et social. Cependant, si l’Algérie a tardé à rompre avec le cercle vicieux de l’économie rentière, la raison est à rechercher entre autres dans la dérive bureaucratique et clanique de la révolution algérienne dont une des conséquences néfastes fut l’exclusion progressive des compétences nationales au profit de nouvelles élites sélectionnées sur la base de critères clientélistes et régionalistes. Seule la rupture avec ce système bureaucratique allié aujourd’hui à la bourgeoisie compradore et aux réseaux néocoloniaux français pourrait permettre à l’Algérie de renouveler sa démarche de développement. Les étudiants algériens sont appelés de nouveau à jouer un rôle d’avant-garde dans cette nouvelle bataille en vue de sauver l’Etat national de la mainmise oligarchique et néocoloniale, une bataille politique dont l’importance stratégique est comparable à la bataille menée, hier, par nos aînés pour l’indépendance nationale.
Mouvement démocratique progressiste (MDP)
Alger, le 19 mai 2016