Constitution : Le pouvoir déterminé à faire passer à tout prix son projet
Depuis le lancement officiel de la campagne pour le référendum constitutionnel, nous assistons à des signes qui montrent à l’évidence que le pouvoir cherche par tous les moyens à faire passer son projet de révision constitutionnelle. Après l’adoption du projet par une majorité parlementaire corrompue et discréditée, le pouvoir a actionné les partis à sa solde (FLN, RND) dont les nouvelles directions ont été mises en place par l’Administration comme au bon vieux temps de l’Etat-DRS, pour qu’elles fassent campagne pour le projet en question. Outre les médias publics dont la mobilisation en faveur du projet constitutionnel rappelle le temps du parti unique, les médias soi-disant « indépendants » se sont mis de la partie dans l’espoir de continuer à bénéficier de la manne publicitaire du secteur public.
Mais l’indice qui fait craindre que le pouvoir est déterminé à faire passer coûte que coûte son projet de révision constitutionnelle est constitué par les dernières sorties médiatiques du chef d’état-major de l’armée, le général de corps d’armée, Saïd Chengriha, dont les déclarations risquent d’être interprétées comme un appel à voter pour le projet, même si plusieurs voix laissent entendre le contraire. En tout état de cause, les citoyens, qui ont du mal à décrypter les signaux contradictoires émanant des responsables algériens, craignent sérieusement que leurs voix soient spoliées par l’Administration le jour du scrutin.
Ces interrogations légitimes surviennent dans un contexte géopolitique des plus incertains, ce qui conduit des observateurs à relativiser les conditions qui entourent le référendum pour se concentrer uniquement sur l’enjeu de la stabilité politique et institutionnelle auquel la nouvelle Constitution est censée contribuer. Les amendements relatifs à l’équilibre des pouvoirs, à la garantie des libertés publiques, à la préservation de l’unité nationale et à la participation de l’ANP aux opérations de maintien de la paix en dehors des frontières sous l’auspice des Nations Unies, sont censés constituer autant d’éléments à même de renforcer l’Etat algérien dans l’arène internationale. Si le pouvoir algérien était vraiment mu par ce genre de préoccupations, on ne comprend pas dans ces conditions pourquoi il n’a pas fait plus d’efforts en vue de rassurer l’opinion publique ?
Mohamed Merabet