Décès du moudjahid, ancien diplomate et chevalier de la langue arabe, Othmane Saadi

30.11.2022. L’ancien diplomate et écrivain algérien Othmane Saadi est décédé à l’âge de 92 ans à Alger. Cet homme aux convictions fortes et enracinées a consacré toute sa vie à l’Algérie. D’abord en rejoignant le mouvement national et le FLN dans le cadre de la lutte pour la libération nationale. Ensuite en continuant son combat en vue de préserver et de parachever cette indépendance sur les terrains diplomatique et culturel.

Né en 1930 à Tébessa, le défunt a rejoint très tôt le mouvement national. Il compte parmi les premiers diplômés de l’Institut Abdelhamid Ben Badis et fit partie des premières missions d’études en Orient où il activera plus tard dans les représentations du Font de libération nationale (FLN), notamment au Caire. Après l’indépendance, le défunt occupera plusieurs postes dans le corps diplomatique. Il a été notamment ambassadeur au Caire, à Bagdad et à Damas sous les régimes de Boumediene et de Chadli.Il a été élu membre de l’Assemblée populaire nationale et du Comité central du parti du FLN. Il a écrit plusieurs ouvrages et articles sur l’histoire, la langue et la culture. Le ministre des Moudjahidine et des Ayants-droit, Laïd Rebiga ainsi que le ministre des affaires étrangères, Ramtane Lamamra ont présenté, en cette douloureuse circonstance, leurs sincères condoléances à la famille du défunt.

Outre ses activités diplomatiques, Othmane Saadi, qui est docteur en lettres arabes, a oeuvré en vue de parachever l’indépendance de l’Algérie sur le terrain linguistique et culturel. Prenant pour exemple le Vietnam qui a eu la force de s’approprier sa langue nationale dès son accession à l’indépendance, il estimait que tant que la langue française continuera à être de fait la langue officielle en Algérie, l’indépendance nationale restera incomplète. Au lendemain de son retrait de la scène diplomatique en 1993 suite à son différend avec le régime des généraux « janviéristes », qui a gelé la loi sur l’emploi de la langue arabe dans l’administration » dès 1992, Othmane Saadi s’est entièrement consacré à la promotion de la langue arabe en Algérie.

Dans son combat contre le lobby francophile très fort au sein de l’Administration algérienne et dans la société civile, Othmane Saadi a notamment rencontré l’hostilité des berbéristes qui ne comprenaient pas ou faisaient semblant de ne pas comprendre que son combat pour la langue arabe n’était pas dirigé contre Tamazight. Chaoui des Nemenchas et fier de l’être, Othmane Saadi a toujours considéré que le combat pour la promotion de la langue arabe ne contredisait point l’attachement à la langue et à la culture amazighes. Othmane Saadi était conscient du fait que la revendication culturelle berbère – qui est tout à fait légitime- était instrumentalisée par le lobby francophile pour diviser les Algériens et perpétuer le statut hégémonique de la langue française en Algérie. On n’est pas obligé d’être d’accord avec certaines des thèses soutenues par Othmane Saadi en ce qui concerne la filiation philologique de Tamazight avec les langues sémitiques (punique, phénicien, arabe) mais son combat courageux contre l’hégémonie de la langue française et pour le parachèvement de l’indépendance sur le terrain culturel qui est à saluer reste d’actualité et continuera d’inspirer les jeunes générations.

Mohamed Merabet