Décès du général Mohamed Betchine, l’homme qui a tenu tête aux généraux issus de l’armée française

30.11.2022. L’enterrement de l’ancien général et moudjahid Mohamed Betchine, décédé à l’âge de 88 ans, à l’hôpital militaire de Constantine, a connu la participation de l’ancien président Liamine Zeroual qui s’est déplacé personnellement au cimetière de Constantine à cette occasion dans un geste symbolique fort.

L’enterrement s’est déroulé en présence du chef de cabinet du ministère des Moudjahidine et des Ayants droit, Hamid Boucharef. Dans son oraison funèbre, M. Boucharef a rappelé les qualités du défunt qui, a-t-il dit, était un « nationaliste sincère qui a rejoint la glorieuse Révolution depuis sa tendre jeunesse et servi, après l’indépendance, le pays et l’Etat avec loyauté et abnégation ». Le président de la République, chef suprême des forces armées, ministre de la Défense nationale, M. Abdelmadjid Tebboune, avait présenté mardi ses sincères condoléances à la famille du défunt. De leur côté, le président du Conseil de la nation, M. Salah Goudjil, le président de l’Assemblée populaire nationale (APN), M. Brahim Boughali, et le chef d’Etat-Major de l’Armée nationale populaire (ANP), le général d’armée Saïd Chanegriha, ont également présenté leurs condoléances à la famille du défunt.

Mais c’est participation de l’ancien président Liamine Zeroual aux funérailles du moudjahid Mohamed Betchine qui a attiré le plus l’attention des observateurs. La présence de Liamine Zeroual à cet évènement revêt une symbolique politique très forte. Dans une déclaration combien significative aux journalistes présents, l’ancien président Zeroual a affirmé : « Je suis venu enterrer mon frère Mohamed qui était un grand moudjahid et qui a rendu de grands services à ce pays« . Les évènements auxquels se réfère Zeroual sont anciens et de nombreux jeunes Algériens ignorent parfois certaines pages de l’histoire de leur pays durant ces dernières décennies.

Zeroual et Betchine n’ont pas seulement combattu ensemble le colonialisme français les armes à la main pour arracher l’indépendance de l’Algérie. Ils ont continué ensemble le combat contre les anciens officiers DAF (les déserteurs de l’armée française) qui se sont infiltrés au sein de la hiérarchie de l’ANP au lendemain de l’indépendance et ont constitué de fait, avec des milliers de cadres civils issus de l’Administration coloniale, un lobby contre-révolutionnaire et pro-français au sein de l’Etat algérien, en profitant notamment des divisions au sein du camp nationaliste. Durant la décennie noire, Zeroual et Betchine ont été la cible de ce lobby qui a su prendre le contrôle de l’appareil du DRS et instrumentaliser la lutte antiterroriste pour prendre le pouvoir. En rappelant ces faits, nous ne cherchons pas à gommer les erreurs d’appréciation politique commises par Zeroual et Betchine durant cette période. Mais nous faisons la différence entre les patriotes qui peuvent se tromper et les traîtres qui pactisent avec le néocolonialisme comme ils ont servi hier le colonialisme.

Mohamed Merabet