Des oulémas lancent une initiative pour une sortie de crise

Des personnalités religieuses nationales ont annoncé une initiative contenant une série de propositions pour sortir de la crise que traverse le pays, notamment l’organisation d’une conférence de dialogue inclusif et l’activation des articles 7 et 8 de la Constitution, en confiant la période de transition à une personnalité consensuelle jouissant de l’approbation de la majorité populaire. Dans un communiqué signée par 16 personnalités religieuses, dont le doyen des oulémas algériens, Cheikh Mohamed Taher Aït Aldjet et le président de l’Association des Oulémas musulmans, Abderrezak Guessoum, un appel a été lancé pour l’activation des articles 7 et 8 de la Constitution stipulant que « le peuple est la source de tout pouvoir », soulignant que « la voix que le peuple veut faire entendre chaque vendredi, depuis le début du Hirak, fait office d’un référendum populaire ». « La phase de transition sera confiée à une personne consensuelle jouissant de l’approbation de la majorité populaire pour diriger le pays », ont indiqué les signataires du communiqué, soulignant qu’il sera question par la suite d’organiser une élection libre, transparente et crédible.

Ces personnalités ont exhorté, en outre, la personne qui aura à assumer cette responsabilité « à nommer un gouvernement de compétences nationales intègres », et « à installer une commission indépendante chargée de la surveillance et de l’organisation de la prochaine élection ». Les signataires ont également préconisé « l’organisation d’une conférence de dialogue national inclusif », dont la mission consistera « à jeter les bases et à dessiner les contours de l’avenir du pays, élaborer une feuille de route pour définir une nouvelle politique à même d’éviter au pays et aux citoyens de verser à nouveau dans le pourrissement politique (…) et sauver le pays de toutes les formes de dépendance ou d’allégeance, s’inspirant des valeurs du 1e Novembre et des principes des oulémas ». Par ailleurs, les signataires ont exhorté le peuple algérien « à préserver l’unité nationale, adopter une attitude pacifique et s’attacher aux constantes nationales », saluant « la résistance » de l’institution militaire dans sa démarche visant à « protéger le pays, à accompagner le hirak populaire, à préserver sa sécurité et à comprendre ses revendications et aspirations ». Les initiateurs de cette démarche ont appelé l’élite politique « à se hisser au niveau des revendications populaires », soulignant que « l’étape a atteint un degré de gravité exigeant une intervention urgente, pacifique et consensuelle ».

L’appel lancé par les oulémas algériens a été accueilli de façon mitigée. Si des personnalités comme Abou jourra Soltani ont loué cette initiative, sur les réseaux sociaux, de nombreux militants dans le camp nationaliste n’ont pas manqué de dénoncer cette sortie médiatique de théologiens qui n’hésitent pas à reprendre à leur compte les revendications et les slogans des organisations et personnalités connues pour leur hostilité viscérale à l’égard des constantes nationales et pour leurs liens avérés avec l’ « Etat profond » et les cercles néocolonialistes français. Même si ces théologiens sont animés de bonnes intentions, leur incompétence en matière politique aurait du leur inspirer une plus grande prudence. La vigueur des réactions hostiles a d’ailleurs fait réagir le président de l’association des oulémas, Abderrazak Guessoum, qui a cru nécessaire de faire une mise au point pour souligner que leur appel en faveur d’une « phase de transition » ne doit pas être confondu avec les appels similaires émanant des courants hostiles aux valeurs du peuple algérien.

Mustapha Senhadji