Des sénateurs mettent en garde contre l’émergence de lobbies d’importateurs

Des membres du conseil de la nation ont mis en garde contre le « monopole des licences d’importation par des opérateurs au détriment d’autres » et préconisé des mesures « plus audacieuses » pour règlementer l’activité. Les membres de la chambre haute du parlement, du parti du front de libération nationale (FLN) pour la plupart, partagés entre approbation et réticence vis à vis du recours aux licences d’importation pour règlementer le commerce extérieur ont été unanimes à mettre l’accent sur la nécessité de la transparence dans l’octroi de ces autorisations pour éviter qu’elles ne soient le privilège de certains opérateurs au détriment d’autres.

Le député Salah Derradji (FLN), a salué une mesure importante invitant les autorités publiques à l’appliquer sur le terrain pour préserver l’économie nationale. Il s’est toutefois interrogé si l’introduction des licences d’importation ne contredisait pas la liberté de commerce et si elle ne favorisait pas l’émergence de nouveaux lobbies qui contrôleraient le commerce extérieur. Lamri Lakhal, du même parti, s’est demandé à son tour pourquoi le gouvernement tardait-il à mettre en oeuvre de telles mesures en dépit de l’anarchie qui marque les activités commerciales. Il a préconisé une intervention rapide des pouvoirs publics pour protéger les producteurs et consommateurs locaux. Bachir Daoud, du parti FLN toujours, a évoqué l’absence de coordination entre les départements ministériels dans les questions intéressant l’économie et l’industrie.

L’ex-ministre, Hachemi Djiar, du tiers présidentiel a considéré le recours aux licences d’importation comme une solution provisoire ne pouvant constituer une référence pour la gestion du commerce extérieur. « Le système des licences a déjà été appliqué par le passé il n’a fait qu’exacerber les problèmes de bureaucratie, la corruption et le monopole », a-t-il soutenu.

De son côté, le représentant du front des forces socialistes, Moussa Tamdrataza, s’est montré peu optimiste quant à l’efficience de la loi relative aux licences d’importation relevant des « points ambigus » dans le texte. Selon lui, le texte proposé ne définit pas les mesures effectives de sa mise en oeuvre ni les opérateurs ou produits concernés par les licences d’importation. « Nous demandons des mesures pour combattre l’évasion fiscale et le transfert illicite de devises, a-t-il insisté.

Répondant à toutes ces préoccupations, le ministre du commerce, Amara Benyounes, a fait savoir qu’une commission regroupant les secteurs de l’industrie, de l’agriculture et des finances présidé par son département ministériel examinera les demandes d’autorisation en toute objective et neutralité. L’autorisation qui sera octroyée publiquement déterminera l’opérateur, le produit et la durée », a-t-il dit. Pour dissiper les craintes des députés, le premier responsable du secteur a affirmé que cette nouvelle règlementation favorisait davantage de transparence et d’équité entre les acteurs du commerce extérieur. Il a précisé que quelque 20 à 30 produits seront soumis à l’autorisation d’importation citant par exemple le ciment et les véhicules (APS)