Le FLN rejette la mesure d’imposition des paiements scripturaux

Le nouveau ministre des finances, Abdelkader Benkhalfa, va devoir faire face à la première fronde touchant son secteur. Le parti majoritaire au sein de l’APN, par la bouche du président de son groupe parlementaire, Mohamed Djemaa, vient de rejeter la mesure prise par le ministère des finances d’imposer les moyens de paiement scripturaux dans toutes les transactions commerciales supérieures à 1 million de dinars. Le responsable du FLN justifie le rejet de la mesure par son parti par le fait que cette mesure ne va pas faciliter la vie des citoyens algériens, bien au contraire. Pour lui, la mesure est tout simplement inapplicable dans les conditions actuelles en raison de l’incapacité des banques algériennes à répondre aux demandes des citoyens. Il cite par exemple le fait que sur les 1500 communes que compte le pays, moins de la moitié (600) disposent d’agences bancaires. Le FLN estime que le ministre des finances a pris une mesure adaptée au contexte d’un pays développé mais qu’il a oublié que pour le moment notre pays n’est pas assez développé pour cela. Le FLN invite le ministre des finances à s’occuper d’abord du volet qui consiste à développer les services bancaires et à lever les obstacles devant l’investissement des PME. Le député du FLN rappelle également le manque de confiance des citoyens dans les banques

Pour rappel, la mesure prise par le ministère des finances visait à permettre aux banques algériennes de drainer une partie de l’argent qui circule de manière informelle et à renforcer les capacités de recouvrement des taxes et impôts par les administrations concernées. Une mesure similaire a été prise en 2011 par le gouvernement Ouyahia mais a été vite retirée suite aux émeutes qui ont suivi la hausse des prix des produits stratégiques comme le sucre et l’huile. Des experts économiques n’ont pas hésité à mettre en garde le gouvernement contre la réédition de pareils évènements si la mesure entrait en application sans préparation préalable de l’opinion publique.

L’opposition du plus grand parti du pays, et qui se trouve en plus représenté au gouvernement, à une mesure décidée par un membre de ce même gouvernement laisse les observateurs perplexes. Ces derniers commencent à pointer du doigt l’amateurisme avec lequel sont gérées les affaires publiques. En effet, ces observateurs rappellent qu’avant d’annoncer publiquement la mesure en question, le ministre des finances aurait pu entendre les principaux partenaires au gouvernement, dans la classe politique et les associations patronales et commerciales.