Ahmed Djebbar évoque l’apport de l’islam à la géographie

L’Islam a beaucoup influencé la géographie et a contribué à son développement, a affirmé, mercredi à Oran, le Professeur émérite de l’Université de Lille 1, Ahmed Djebbar. « De la fin du 8e siècle et jusqu’au 19e siècle, la géographie était écrite, essentiellement ou exclusivement, en arabe », a souligné ce  membre de l’Académie algérienne des sciences et des technologies, lors d’une conférence ayant pour thème « La phase arabe de la géographie », animée au Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC) d’Oran. A partir de l’héritage géographique et cartographique grec, les astronomes puis les géographes des pays d’Islam ont initié, dès le début du IXe siècle, une tradition géographique et cartographique répondant, dans un premier temps, à des commandes de l’Etat puis, dans un second temps, à des besoins de certaines activités (militaires, économiques et culturels) réalisées sur terre ou sur mer, a-t-il encore évoqué.

« La géographie arabe s’est développée à partir des préoccupations des dirigeants et des sources qui y répondent. La volonté politique a fait démarrer la machine de la recherche et c’est la dimension impériale qui a fait progresser la géographie », a déclaré le conférencier ajoutant que la religion a également contribué au développement de la géographie, avec notamment le développement des calculs. « Les Arabes ont inventé les cartes à système de coordonnées et ont apporté un affinement par une meilleure connaissance des territoires, donc de la géographie », a soutenu Pr Djebbar, faisant savoir que les savants arabes ont réussi à inventer une formule mathématiques donnant lieu à des tables en fonction des latitudes et des longitudes aboutissant à la détermination précise de la qibla à partir de plusieurs endroits de la planète. En résumé, Ahmed Djebbar a souligné que la géographie est au carrefour de plusieurs disciplines, notamment les mathématiques, l’astronomie, l’hydrologie, l’agriculture, le commerce, à et la littérature avec les thèmes de voyage.

Abordant les différentes phases de la géographie et différents types de cartes produites pour répondre à des besoins sociaux précis, le conférencier a cité les œuvres d’Al-Kindi et d’Al-Birouni en astronomie, médecine, mathématiques, géographie… autant de domaines où la civilisation arabo-musulmane apporta des contributions. Dans ce sens, il s’est concentré sur l’âge d’or des sciences arabes entre les VIIIème et XIVème siècles, insistant sur la nécessité de mieux comprendre cet héritage mal connu et de suivre la circulation des savoirs en Méditerranée. Mathématicien à l’université de Lille, Pr Ahmed Djebbar est un fervent défenseur des sciences arabes et militant pour leur réhabilitation au sein de l’histoire universelle des sciences. Egalement chercheur en histoire des sciences, il est Professeur d’histoire des mathématiques à l’Université des sciences et des technologies de Lille. Auteur, entre autres, d’ouvrages « L’âge d’or des sciences arabes » et « Le grand livre des sciences et inventions arabes », Ahmed Djebbar fut aussi conseiller du président feu Mohamed Boudiaf. De juillet 1992 à avril 1994, il occupa le poste de ministre de l’Education (APS)