Ennahar lance de graves accusations contre Hanoune

Le quotidien Ennahar et la chaîne de télévision du groupe de même nom ont produit récemment une enquête explosive sur la fortune de la famille de Louisa Hanoune et de ses amis politiques dans les wilayas d’Annaba et d’El Tarf. Dans le cadre de cette enquête menée par les journalistes d’Ennahar, la famille Hanoune est accusée d’avoir bénéficié d’un terrain de 12 hectares dans la wilaya d’El Tarf, dans une zone touristique voisine de la wilaya d’Annaba en sus d’un terrain agricole sur lequel a été implantée une ferme dirigée par le frère de Louisa Hanoune. Le beau-frère de Louisa Hanoune, Kamel Djaafari qui est aussi un élu de son parti aurait également bénéficié de facilités similaires. Un autre député du PT et ex-responsable syndical dans l’aciérie d’El Hadjar, Smail Kouadria, aurait fait bénéficier une société appartenant à son fils de plusieurs contrats publicitaires du complexe sidérurgique en question qui se chiffrent en millions de dinars.

Toutes ces informations sont à prendre au conditionnel mais la direction du groupe Ennahar dit avoir respecté les règles déontologiques dont devraient s’entourer les journalistes lorsqu’ils effectuent des enquêtes pareilles sur des personnages publics. Ces derniers auraient été contactés par les journalistes avant de publier leur enquête pour donner leur version des faits. De son côté, Louisa Hanoune et ses amis politiques crient à la diffamation. La famille de Louisa Hanoune et le député Smail Kouadria auraient déposé une plainte en Justice contre le groupe Ennahar. Auparavant, Louisa Hanoune aurait tenté d’empêcher la publication de l’enquête en s’adressant au premier ministre, au directeur du cabinet de la présidence et au ministre de la Justice mais en vain.  La polémique engendrée par cette enquête, ajoutée à d’autres polémiques comme celle opposant le secrétaire général du FLN à l’ancien patron du DRS, n’a pas manqué d’envenimer un climat politique déjà très tendu. Selon des médias algérois, Louisa Hanoune accuse le ministre de l’industrie Abdesslem Bouchouareb d’être derrière cette enquête visant à la discréditer. Ce dernier a répondu indirectement sans citer son nom en se défendant contre les attaques de ceux qui l’accusent de vouloir brader l’économie nationale.

Les observateurs estiment que les questions liées à la corruption qui sévit en Algérie sont des questions très sensibles surtout qu’il est difficile de faire la part des choses entre la réalité, les rumeurs et les règlements de comptes politiques et personnels. C’est une raison supplémentaire pour que les médias s’élèvent au niveau de leurs responsabilités. Le devoir d’informer ne doit pas dégénérer en diffamation ni en règlements de comptes susceptible d’être exploité par les fauteurs de troubles dans la difficile conjoncture actuelle Cependant, selon les observateurs, le souci de défendre son honneur de la part de Louisa Hanoune ne saurait justifier le recours à la censure que son parti dénonce à juste titre lorsqu’elle vise les voix de l’opposition. Par ailleurs, ces observateurs soutiennent qu’en dénonçant à juste titre les appétits voraces de la nouvelle oligarchie qui cherche selon elle à mettre la main sur une partie des richesses nationales ainsi que la mafia du foncier qui sévit dans la wilaya de Annaba, Louisa Hanoune et ses camarades du PT se doivent d’être moralement irréprochables sous peine de contribuer au discrédit d’une classe politique qui est déjà fort impopulaire au sein de l’opinion publique.