Funérailles de Hocine Aït-Ahmed : La curieuse leçon de Makri

L’accueil réservé par des groupes de manifestants excités au cortège officiel du premier ministre, Abdelmalek Sellal, lors des obsèques du leader Hocine Aït-Ahmed, a sans doute dévoilé au grand jour la défiance d’une partie de la population kabyle à l’égard du pouvoir algérien. Il n’en a pas fallu plus pour que le leader du MSP (islamiste) Abderrazak Makri en tire une leçon des plus populistes. Pour lui, les funérailles populaires de Hocine Aït-Ahmed et l’accueil réservé à la délégation gouvernementale sont une preuve éloquente de la crise de légitimité du gouvernement algérien.

A aucun moment, A. Makri ne s’est donné la peine de s’interroger sur la nature grave des dérapages qui ont eu lieu lors des obsèques de Hocine Aït-Ahmed. Les éléments de la gendarmerie nationale obligés de se retirer pour laisser place aux éléments de la police. Un cortège officiel hué et caillassé. Une présence massive du drapeau kabyle qui contraste avec l’absence du drapeau national. Des funérailles essentiellement régionales qui montrent à l’évidence que contrairement au discours qu’il a tenu durant sa longue carrière politique, Hocine Aït-Ahmed est perçu aussi bien en Kabylie que dans les autres régions d’Algérie comme un leader kabyle et non pas un leader national.

Curieusement, A. Makri qui se présente comme le dirigeant d’un parti dit islamiste n’est pas gêné de prendre pour un exemple positif ce qui s’apparente malheureusement à une dissidence à caractère ethnique et régionaliste dont les principaux représentants ne cachent même pas leur haine de tout ce qui est arabe et musulman. Les observateurs qui s’étonnent de cette sortie médiatique de Abderrazak Makri expliquent cette schizophrénie politique par le désir opportuniste de s’attaquer coûte que coûte au pouvoir en place quitte à s’allier pour cela avec des courants berbéristes qui n’hésitent pas à ramasser leurs slogans politiques et idéologiques dans le caniveau de l’éthnologie coloniale et de l’islamophobie la plus délirante.