Inquiétudes internationales après la tentative de putsch en Turquie
La tentative de coup d’Etat lancée par une faction au sein de l’armée turque, vendredi 15 juillet, en Turquie est suivie avec beaucoup d’attention au plan international dans la mesure où il s’agit d’un pays hautement stratégique : influent auprès du monde musulman, au creuset de régions diverses comme le Moyen-Orient, le Caucase, l’Asie centrale et l’Europe où se jouent des enjeux politiques et économiques, notamment pour les approvisionnements en énergie. La Turquie est l’un des piliers de l’Alliance Atlantique et a ouvert des négociations pour adhérer à l’Union européenne.
Même s’ils ont rappelé le souci du respect des « institutions démocratiques », les dirigeants des grandes puissances n’ont pas immédiatement condamné la tentative de putsch et ont attendu que les choses se décantent avant de se prononcer clairement. La chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini a appelé assez tôt à la « retenue » et au « respect des institutions démocratiques » dans le pays. Même son de cloche côté russe, où le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a exhorté les acteurs de la crise politico-militaire turque à éviter « tout affrontement meurtrier ». « Les problèmes doivent être résolus dans le respect de la Constitution », a-t-il poursuivi au cours d’une conférence de presse commune avec son homologue américain John Kerry. Le président des Etats-Unis, Barack Obama, a attendu que le gouvernement turc reprenne le contrôle de la situation pour exhorter toutes les parties en Turquie à soutenir le gouvernement turc « démocratiquement élu » du président Recep Tayyip Erdogan,.
L’Union européenne a appelé samedi à un « retour rapide à l’ordre constitutionnel en Turquie », dans un communiqué commun du président du Conseil Donald Tusk, de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et de la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini. « Nous continuons à suivre de près les développements et à nous coordonner avec les vingt-huit Etats membres de l’UE », ont-ils écrit depuis la Mongolie où se tient un sommet entre l’Union et les pays asiatiques. « L’UE soutient totalement le gouvernement démocratiquement élu, les institutions du pays et l’Etat de droit », ont asséné les dirigeants européens au nom des Etats membres présent au sommet asiatique. Le porte-parole de la chancelière allemande Angela Merkel est allé dans le même sens que la Maison Blanche sur son compte Twitter, estimant que « l’ordre démocratique doit être respecté » en Turquie : « Tout doit être fait pour protéger les vies humaines. » Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a demandé un retour rapide et pacifique du pouvoir civil en Turquie. « Les interférences des militaires dans les affaires de n’importe quel Etat sont inacceptables », a déclaré M. Ban dans un communiqué. « Il est crucial de réinstaurer le pouvoir civil et l’ordre constitutionnel rapidement et pacifiquement en accord avec les principes de la démocratie », a-t-il ajouté.
En Grèce voisine, le Premier ministre grec Alexis Tsipras a fait part de son « soutien au gouvernement démocratiquement élu » de Turquie via un contact de ses services avec ceux de M. Erdogan, a indiqué une source gouvernementale grecque. En Iran, également limitrophe de la Turquie mais mais qui n’entretient pas de bonnes relations avec son voisin, le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, a fait part de la « grande inquiétude » de son pays, a rapporté le site du gouvernement iranien. « Nous exprimons notre grande inquiétude devant les événements qui sont en train de se produire en Turquie » sans toutefois condamné la tentative de putsch. En Allemagne et en Autriche, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblés dans le calme dans différentes villes pour manifester contre le putsch militaire, après l’appel de la chancelière allemande au « soutien du gouvernement élu » et le « respect de l’ordre démocratique ». Le Pakistan et plusieurs pays arabes (Qatar, Arabie saoudite, Koweit, Soudan, Maroc ) ont condamné cette tentative de putsch et réaffirmé leur solidarité avec la Turquie. En Tunisie, le mouvement islamiste Ennahda, le « Courant démocrate » (nationaliste arabe) et le mouvement « Tunisie Volonté », fondé en 2015 par l’ancien président Moncef Marzouki, ont condamné la tentative de putsch et exprimé leur soutien au gouvernement turc élu démocratiquement.