L’ Algérie se dirige vers des élections législatives anticipées
Selon les déclarations faites par plusieurs responsables politiques qui ont rencontré récemment le président de la république, le pouvoir a pris la décision de dissoudre l’APN et d’organiser des élections législatives anticipées. Dans ce contexte, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a reçu lundi à Alger, le président de la Commission nationale chargée de l’élaboration du projet de révision de la loi organique portant régime électoral, Ahmed Laraba. Au cours de cette audience qui s’est déroulée au siège de la présidence de la République, M. Tebboune a écouté un exposé sur la mouture relative au projet de loi portant régime électoral, présenté par M. Laraba, qui était accompagné des membres de la commission. L’audience s’est déroulée en présence du directeur de Cabinet à la Présidence de la République, Noureddine Baghdad Daidj et du conseiller auprès du président de la République chargé des affaires juridiques et judiciaires, Boualem Boualem.
Si l’APN actuelle est complètement discréditée et si la question de son renouvellement ne pose aucun problème aux yeux des observateurs politiques, ces derniers s’interrogent en revanche sur les conditions dans lesquelles va se dérouler l’opération de renouvellement. Les partis politiques semblent divisés sur la question. Certains espèrent renforcer leur position politique au moyen de ces élections alors que d’autres redoutent leur marginalisation s’ils venaient à perdre les quotas auxquels ils étaient habitués dans le cadre de l’ancien système. C’est le cas notamment des partis minoritaires qui font du chantage politique en vue de garder leurs quotas respectifs. Les observateurs s’interrogent sur la démarche qui sera suivie par le pouvoir. Va-t-il céder au chantage et reconduire la politique des quotas ou bien ira-t-il vers des élections propres et intègres quels que soient les résultats qui sortiront des urnes ?
Si le pouvoir attend de ces élections législatives anticipées une plus grande légitimation des institutions, il n’est pas dit que les « résidus » de l’ancien système se laissent faire sans tenter de se remettre en selle au moyen notamment de l’instrumentalisation de la rue et des groupuscules actifs à leur solde. L’Etat algérien laissera-t-il des aventuriers sans foi ni loi menacer la paix civile et la stabilité du pays ou bien mettra-t-il en oeuvre tous ses moyens légaux en vue d’assurer l’ordre public sans lequel aucune réforme structurelle n’est possible ? Si le droit de manifester reste un droit constitutionnel fondamental, il reste que même dans les plus vieux pays démocratiques, la société a le droit de se protéger contre les menées hostiles qui risquent de porter atteinte à son intégrité.
Mohamed Merabet