La chasse aux sorcières contre les proches de Gaïd Salah continue
La mise sous mandat de dépôt du général-major Abdelhamid Ghriss, ancien secrétaire général du Ministère de la défense nationale, a été curieusement commentée par la dénommée Salima Tlemçani du quotidien El Watan qui a cru y voir une opération dirigée contre les généraux qui faisaient partie de la garde rapprochée du défunt Gaïd Salah. La journaliste connue pour ses accointances avec les services depuis la décennie 90 est allée plus loin en affirmant que ce général fait partie du groupe des hauts gradés qui se trouvent depuis plusieurs mois à la prison militaire de Blida officiellement pour des motifs liés à la gestion des départements qu’il dirigeaient mais dans les faits ces généraux paient surtout leur proximité avec l’ancien chef de l’armée algérienne. Mais le plus grave dans le compte rendu commis par la journaliste d’El Watan est la reproduction de l’accusation dirigée contre ces généraux selon laquelle ces derniers auraient été derrière la campagne de guerre électronique destinée à contrecarrer certaines composantes du hirak populaire. Ce groupe d’officiers serait également derrière la mouvance « novembaria-badissiya » qui a marqué de son empreinte politique l’année 2019 en s’opposant à la tentative des groupes à la solde du néocolonialisme de faire main basse sur le hirak populaire.
Bien entendu, cette accusation grave n’aurait pas été colportée par cette journaliste si ses commanditaires au sein des services de sécurité ne le lui ont pas soufflé. Reste maintenant à savoir ce que pèse réellement cette accusation dans les faits. D’après nos sources, parmi les généraux et autres colonels actuellement détenus à la prison de Blida, il y a effectivement des officiers patriotes qui n’ont fait que leur devoir durant toute la durée du hirak en 2019. Le fait de s’être opposés aux différents groupes alliés en la circonstance contre le commandement de l’armée nationale populaire et qui étaient par ailleurs en collusion directe avec des ONG occidentales connues pour leurs desseins géopolitiques sordides, ne peut que les honorer quelles que soient les erreurs qu’ils ont pu commettre par ailleurs. Il suffit de se rappeler que durant cette période, aucun Algérien n’a été touché dans son intégrité physique en raison de sa participation au hirak, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui.
Le fait que ces hauts gradés continuent de croupir en prison alors que d’autres généraux sur lesquels pèsent de graves accusations de crimes contre l’humanité ont été libérés pose un grave problème et ne peut qu’aggraver la crise de confiance à l’égard du pouvoir aussi bien au sein de la société civile qu’au sein de l’armée elle-même. Au moment où l’Algérie traverse une situation intérieure et extérieure difficile qui demande un front uni, plusieurs officiers supérieurs à la retraite ont profité de la célébration du 59e anniversaire de l’indépendance nationale pour réclamer une amnisitie générale au profit de tous les généraux et officiers supérieurs actuellement détenus à la prison militaire de Blida. Dans ce contexte, le chef d’état-major de l’ANP, le général de corps d’armée Saïd Chengriha, porte une lourde responsabilité eu égard à son rôle de garant de l’unité de l’armée dans des circonstances aussi particulières. Une unité qui est aujourd’hui malheureusement menacée par des comportements qui relèvent plus du règlement de comptes que de la justice proprement dite. Si le commandement continue dans sa politique actuelle, il n’est pas dit qu’il ne sera pas à son tour une prochaine victime de ce genre de comportement.
Mohamed Merabet