La France se résigne enfin à retirer son ambassadeur et ses soldats du Niger

epa10418001 French President Emmanuel Macron delivers his New Year address to the French Army, at the Mont-de-Marsan air base, southwestern France, 20 January 2023. French President Emmanuel Macron proposed a substantial boost in defense spending through the end of this decade and a 'transformation' of France's nuclear-armed military to face evolving threats and take into account the impact of the war in Ukraine. EPA/BOB EDME / POOL MAXPPP OUT (MaxPPP TagID: epalivesix630603.jpg) [Photo via MaxPPP]

25.09.2023. Le président Français, Emmanuel Macron, a annoncé, dimanche soir, que Paris mettait fin à sa « coopération militaire avec les autorités de fait du Niger » et que ses soldats basés dans le pays seraient rapatriés « d’ici la fin de l’année ». Le personnel diplomatique français à Niamey rentrera quant à lui « dans les prochaines heures ».

« La France a décidé de ramener son ambassadeur et donc, dans les prochaines heures, notre ambassadeur avec plusieurs diplomates rentreront en France. Et nous mettons fin à notre coopération militaire avec les autorités de fait du Niger, car elles ne veulent plus lutter contre le terrorisme », a déclaré le président français, lors d’un entretien accordé aux chaînes de télévision TF1 et France 2. Les soldats français basés au Niger « vont rentrer de manière ordonnée dans les semaines et les mois qui viennent », a-t-il ajouté, précisant que leur retour était prévu « d’ici la fin de l’année ». Cette déclaration a immédiatement été accueillie avec des cris de joie à Niamey, où des milliers de personnes se sont spontanément rassemblées au rond-point de l’Escadrille, sur une route qui mène à la principale base militaire abritant des soldats français.

Ce départ annoncé du Niger marque, selon le quotidien français Le Figaro, un terme à la présence militaire française dans tout le Sahel. Celle-ci s’était déployée à partir de 2013 dans le cadre de l’opération Serval, puis Barkhane en 2014, à la demande des États sahéliens eux-mêmes confrontés à la menace djihadiste. Au plus fort de l’opération Barkhane, la France comptait quelque 5100 soldats chargés d’endiguer la menace terroriste dans une zone vaste comme l’Europe. Dix ans plus tard, force est de constater l’échec puisque la menace terroriste, au lieu de disparaître, s’est accentuée. Sous la pression populaire et officielle, la France a retiré ses forces du Malin le 15 août 2022, de la République centrafricaine le 15 décembre de la même année, et plus récemment du Burkina Faso le 25 février dernier. Au Niger, l’opération de retrait s’annonce, selon le quotidien français, complexe sur le plan logistique, ce qui devrait prendre du temps, plusieurs mois en tout cas. Il s’agit en effet d’évacuer une base aérienne où sont stationnés des Mirage 2000 et des drones Reaper, mais aussi toute la structure de commandement et de soutien. Il faudra aussi retirer des véhicules blindés légers tels que des VAB et des Griffon. Pour rappel, au Mali, il avait fallu six mois pour se retirer de l’immense base de Gao.

« Il n’y avait rien d’autre à faire, c’était la seule solution depuis le début », a réagi à chaud Thierry Vircoulon, coordinateur de l’Observatoire sur l’Afrique centrale et australe à l’institut français des relations internationales (IFRI). Le Niger – où la France compte environ 1 500 soldats – était devenu « le nouveau point d’appui français » dans cette région, après les retraits forcés du Mali et du Burkina Faso en août 2022 et début 2023 qui avaient conduit Paris à renforcer sa présence au Niger. Thierry Vircoulon estime que « la guerre de la France contre le djihadisme est officiellement terminée ». « La France n’a plus aucun avenir au Sahel », estime-t-il. Paris appuyait jusque-là les troupes nigériennes dans leur lutte contre le djihadisme. En réaction, le régime militaire nigérien a salué « une nouvelle étape vers la souveraineté » de son pays, parlant de « moment historique qui témoigne de la détermination et de la volonté du peuple nigérien ». Pour ce spécialiste, il s’agit là d’un « aveu d’impuissance » français. « Les putschistes mettent la France dehors et le président de la République n’a pas d’autre option que de retirer ses troupes. Sinon, cela s’appelle une occupation militaire. » (Algérie solidaire)