La leçon du 20 Août 1955 que les dirigeants algériens semblent avoir oubliée

20.08.2024. La célébration de la Journée du 20 Août est une occasion pour se remémorer deux dates importantes dans l’histoire de la guerre de libération nationale. A cette occasion, le pouvoir se plait à rappeler les sacrifices consentis pour la libération du pays et insiste sur la nécessité de sauvegarder le legs des valeureux Moudjahidines de l’ALN. Il appelle à défendre l’indépendance et la stabilité du pays mais il feint d’oublier la principale leçon de l’insurrection du 20 Août 1955, à savoir le rôle décisif de l’entrée en scène des masses populaires qui sont aujourd’hui mises sur la touche.

Dans son message à la nation à l’occasion de la célébration de la journée du 20 Août, le président de la république a déclaré : « L’offensive du Nord-Constantinois a donné une leçon à une armée coloniale qui croyait pouvoir étouffer la Révolution du peuple par le fer et par le feu. Mais c’était sans compter sur les sacrifices incommensurables et les actes de bravoure de ces héros qui ont porté la Révolution et exalté l’Armée de libération nationale« .

Pour le Chef d’Etat-major de l’ANP, cette date « demeurera toujours une fête qui nous rappelle les hauts-faits d’une génération unique dans l’histoire de notre nation, une génération dont les exploits sont aujourd’hui pour les membres de l’ANP, une source d’inspiration dont ils puisent les valeurs de patriotisme, de loyauté et de travail assidu pour accomplir les nobles missions et responsabilités qui nous incombent pour la préservation de l’indépendance et de la sécurité du pays et son développement« . C’est ainsi que le président Tebboune et le chef d’état-major de l’ANP continuent de mettre l’accent sur le rôle héroïque des Moudjahidines de l’ALN en sous-estimant le caractère insurrectionnel et populaire de l’évènement. en question.

Pour rappel; au lendemain de l’offensive du 20 Août 1955, son principal artisan, le colonel Zighout Youcef avait confié à ses collaborateurs que « le peuple algérien est un grand peuple, sa volonté est immense, sa disponibilité est permanente. Il lui faut une direction à sa dimension, qui le convainc, nous ne devons pas le décevoir, sinon il risque de commettre de graves dégâts. Si la direction n’est pas à la hauteur du peuple qu’elle mène, alors ce dernier peut faire des choses incontrôlables ». C’est cette leçon que les dirigeants algériens ont vite oubliée au lendemain de l’indépendance quand ils ont fait le choix d’instaurer un régime bureaucratique, autoritaire et paternaliste qui a fini par infantiliser le peuple algérien et à marginaliser la société civile et les compétences. L’élection présidentielle du 7 septembre prochain, dont les résultats sont connus d’avance, en est une illustration parfaite.

Mohamed Merabet