La réponse cinglante d’Abdelaziz Rahabi à l’ancien ambassadeur français en Algérie

12.01.2023. Dans une contribution publiée par notre confrère TSA, l’ancien ambassadeur et ministre de la communication, Abdelaziz Rahabi, a tenu à réagir aux déclarations de l’ancien ambassadeur français en Algérie, Xavier Driencourt qui s’est permis de publier une tribune dans le quotidien français Le Figaro au titre provocateur « L’Algérie s’effondre sous nos yeux, elle entraîne la France dans sa chute ».

Rahabi revient sur la pratique courante en France d’utiliser l’Algérie dans la politique interne française surtout dans les périodes électorales en expliquant ce phénomène par le fait que l’Algérie ne peut laisser personne indifférent. L’utilisation de la question migratoire par le diplomate français est pointée du doigt par Rahabi qui estime que l’ambassadeur français « a commis une erreur d’appréciation » dans la mesure où  » il a perçu le peu d’empressement des Algériens sur cette question comme un signe d’attachement à ces Accords alors que dans la réalité, l’Algérie n’avait plus aucun intérêt dans des accords qui ne garantissent plus de statut privilégié à ses ressortissants car ils sont alignés sur le droit commun et de plus sur les normes communautaires européennes applicables aux autres communautés« .

Dans sa réponse, Rahabi n’a pas oublié de remettre à sa place l’ambassadeur français quand ce dernier a osé parler des risques collatéraux que représenterait l’Algérie pour la sécurité régionale.  » Il ne s’agit plus de faire peur uniquement aux électeurs français mais également aux institutions et aux opinions publiques européennes en présentant l’Algérie comme une grave menace pour la paix et la stabilité en Europe. Cette démarche emprunte à une pratique connue des diplomates algériens car c’est une parfaite reproduction des analyses de cercles plus au moins officieux des années quatre-vingt-dix qui prédisaient avec une insistance répétée un effondrement de l‘Algérie ». L’ambassadeur français n’a pas hésité à utiliser les problèmes que connaît l’Algérie, aussi bien sur le sujet des libertés que sur celui de la gouvernance, pour justifier son alarmisme et son ingérence dans les affaires algériennes. Rahabi a tenu à lui répondre sur ce terrain :  » Quelles que soient les critiques que nous pouvons faire à la gouvernance de notre système politique nous sommes nous les Algériens les seuls autorisés à le faire parce que la démocratisation du pays est avant tout une demande interne et que nous avons la capacité d’incarner nos intérêts tant à l’intérieur du pays qu’à l’étranger depuis les premiers rois de Numidie« .

Rahabi termine sa réponse à l’ambassadeur en rappelant l’attachement des Algériens à leur indépendance nationale et leur refus de toute ingérence étrangère dans leurs affaires internes : « Les ingérences externes d’où qu’elles viennent sont une orientation flagrante en faveur d’intérêts étrangers. Elles sont en partie responsables des crises politiques et sécuritaires que nous avons vécues de même qu’elles sont la cause directe du ralentissement du processus de transformation de la société. Leur rejet reflète notre attachement à l’indépendance de notre décision et représente l’une des plus notables leçons tirées de nos différentes expériences politiques. C’est d’ailleurs dans cet esprit d’autonomie que le Hirak n’a pas été sensible à toutes les pressions et manipulations internes et étrangères visant à l’orienter vers l’objectif de l’effondrement de l’État avec ses conséquences incalculables sur la société algérienne. C’est le signe que le peuple ne cherche pas d’autres protections que celles que lui garantit son pays.«