La restructuration du DRS inquiète les services français
Les changements effectués au sein du DRS n’ont pas fini de susciter des réactions tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. A l’intérieur, ces changements semblent inquiéter tous ceux qui comptaient sur leurs relations au sein du DRS pour imposer leur chape de plomb sur la société civile et bénéficier de passe-droits. Les médias connus pour leur hostilité à la politique de réconciliation nationale et qui ont fait de la « lutte antiterroriste » un fonds de commerce lucratif sont les premiers à crier leur désespoir. Mais l’inquiétude commence visiblement à toucher l’extérieur. C’est ainsi que dans son édition du 03 septembre, le site français Mondafrique a révélé que « C’est une note ultra secrète de la DGSE qui a remonté, début septembre, jusqu’à l’Elysée. Corroborée par les témoignages de plusieurs anciens cadres des renseignements français qui gardent des liens à Alger, cette note tire la sonnette d’alarme quant au démantèlement en règle dont fait l’objet le DRS. Ce qui était jusqu’il y deux années l’un des meilleurs services de renseignement d’Afrique et du mode arabe est en plein débandade. Les guerres intestines qui déchirent le pouvoir algérien ont fortement impacté les performances du DRS.» Le même site rappelle que les inquiétudes des services français sont partagées par leurs homologues marocains : « A Rabat, c’est la même inquiétude chez la DGED qui craint également que l’affaiblissement de son redoutable adversaire n’aboutisse à un chaos sans précédent dans le Sahel et à un relâchement dans le contrôle des membres du Polisario tentés par le djihadisme.»
Comment interpréter ces inquiétudes ? Il ne fait aucun doute qu’une restructuration profonde des services de renseignement algériens risque, si elle n’est pas sérieusement réfléchie et planifiée, d’impacter négativement le travail de ces services , notamment dans le cadre de la lutte antiterroriste aussi bien à l’intérieur qu’en ce qui concerne le volet de la coopération internationale. Sur ce plan, l’inquiétude des partenaires européens et américains est tout à fait compréhensible. Des explications claires de la part de leurs homologues algériens devraient les rassurer. La récente visite du chef du renseignement américain à Alger s’inscrivait sans doute dans ce contexte. Mais il se pourrait aussi que les inquiétudes des services français soient en rapport avec la crainte de perdre leur influence en Algérie, ce qui ne serait pas en soi un mal.
Pendant ce temps, les conséquences de la restructuration du DRS continuent à se faire sentir. C’est ainsi qu’on apprend que l’ancien patron de la DSI, le général-major Abdelhamid Bendaoud, limogé il y a quelques semaines, a été mis à la retraite par un décret présidentiel. Première conséquence, il ne sera plus concerné par la succession du général de corps d’armée Mohamed Mediene à la tête du DRS. Le nom du général-major Mohamed Bouzit, l’actuel patron de la DDSE circule désormais comme probable successeur du général Toufik dont le départ à la retraite semble de plus en plus proche.