L’Algérie a-t-elle fait échouer la tentative d’OPA du groupe émirati Taqa sur l’espagnol Naturgy ?

19.06.2024. La menace algérienne de fermer le robinet du gaz à l’Espagne au cas où le gouvernement espagnol accepterait de céder les parts de sa compagnie nationale Naturgy au géant énergétique émirati Taqa a-t-elle joué un rôle dans l’échec des négociations qui devaient aboutir à cette transaction ? Telle est la question que se posent les observateurs au lendemain de l’annonce de l’échec de l’OPA du groupe émirati sur la compagnie espagnole.

Le géant énergétique émirati Taqa a annoncé avoir mis fin aux négociations engagées mi-avril pour le rachat d’une part de plus de 40% du groupe énergétique espagnol Naturgy, actuellement détenue par les fonds d’investissement CVC et GIP. Dans une note transmise lundi soir au gendarme boursier espagnol (CNMV), Criteria Caixa avait déjà annoncé la fin des discussions engagées avec Taqa « pour un possible pacte de coopération relatif à Naturgy », « sans qu’aucun accord n’ait été trouvé ». La holding d’investissement de la banque La Caixa avait réitéré dans cette note son « soutien » au « plan de transformation » de Naturgy, rappelant avoir engagé des discussions pour trouver des « partenaires potentiels » pour « accélérer » la « transition énergétique » du groupe espagnol.

Le groupe Taqa, spécialisé dans l’exploration gazière et pétriolière, avait annoncé le 17 avril avoir engagé des « discussions » en vue de racheter les 41% de Naturgy détenus par les fonds d’investissement CVC et GIP, dans le cadre d’une possible offre publique d’achat (OPA). Taqa avait alors précisé discuter avec Criteria Caixa, qui détient 26,7% de Naturgy et serait resté un actionnaire stratégique si Taqa avait pris le contrôle de Naturgy, pour un « un possible pacte de coopération relatif » au groupe espagnol. Le groupe, qui gère conjointement avec le groupe algérien Sonatrach le gazoduc Medgaz reliant l’Espagne aux champs de gaz algérien, fait l’objet de multiples discussions depuis l’OPA partielle lancée en 2013 par le fonds de pension australien IFM, qui détient actuellement 13% de l’entreprise.

Ni Taqa ni Criteria Caixa n’ont précisé les raisons les ayant conduits à mettre fin aux négociations. Mais selon des médias espagnols, elles auraient été interrompues notamment en raison de divergences d’appréciation sur la valeur du groupe espagnol. Mais plusieurs sources espagnoles avaient fait état de menaces algériennes de couper ses livraisons de gaz vers l’Espagne si la compagnie espagnole vendait ses actions à une autre entreprise. Des sources espagnoles ont également fait savoir que le gouvernement Sanchez aurait poussé à abandonner cette option après s’être assuré que les Emirats étaient dans l’incapacité de constituer une alternative au gaz algérien au cas où l’Algérie décidait de fermer son gazoduc (Algérie solidaire)