L’armée algérienne a-t-elle fait marche arrière pour le Su-34 ?
Il y a quelques mois, plusieurs médias russes avaient révélé l’intérêt de l’armée algérienne pour la version export du bombardier tactique russe Su-34 à savoir le Su-32. D’autres sources ont même fait état d’une commande d’une douzaine d’appareils à la fin de l’année 2015. Depuis, aucune information officielle n’est venue confirmer ou infirmer cette transaction. Cela n’empêche pas certains sites connus pour leur proximité avec les services français de publier des articles tendant à mettre en cause soit les qualités de ce bombardier soit l’intérêt de l’armée algérienne pour cet appareil. Le journaliste spécialisé dans les questions d’armements Tom Cooper n’a pas échappé au piège qui consiste à reprendre les rumeurs non fondées qui circulent à ce sujet. Dans un article récent publié sur le site War is boring, il n’hésite pas à titrer « Le Su 34 algérien est un mythe » avant d’ajouter en sous-titre : « Alger n’achètera pas le dernier né des bombardiers russes, le Su-34 ».
L’armée algérienne a-t-elle fait marche arrière concernant l’acquisition du bombardier russe ? Aucune information sérieuse ne permet de répondre à cette question. En revanche, les experts interrogés nous ont assuré que les informations avancées par le journaliste à l’appui de ses dires n’ont aucune crédibilité. 1. Le journaliste avance que le chef d’état-major de l’ANP serait tombé amoureux de cet appareil après le visionnage d’un reportage qui montre les performances de l’avion en Syrie. Cette information est fausse dans la mesure où l’intérêt des chefs de l’armée algérienne pour cet appareil date de plusieurs années, avant même la finalisation de sa version export. 2. Le journaliste avance que le commandement de l’AAF aurait refusé cet appareil sous le prétexte qu’il était satisfait des avions avec lesquels opère actuellement l’AAF (Su-30, Su-24, Mig29). Outre la question du protocole suivi pour l’acquisition d’un appareil de ce genre, le commandement de l’AAF ne peut pas tomber dans le travers qui consiste à comparer des appareils qui ne sont pas taillés pour les mêmes missions. 3. Le journaliste avance que l’armée algérienne a refusé le deal avec la Russie dès lors que cette dernière a proposé la version export du Su-34, le Su-32. Cette information relève de l’intox. L’armée algérienne traite avec la Russie depuis des décennies et elle sait que la Russie vend toujours des versions export différentes des versions employées par l’armée russe et cela n’a jamais posé problème.
Le caractère farfelu des informations contenues dans l’article de Tom Cooper fait dire aux experts interrogés qu’il s’agit d’un article qui reprend dans ses grandes lignes les informations tendancieuses publiées en janvier dernier par un site proche des services français et qui s’inscrivent dans une campagne d’intox visant à parasiter les négociations en vue d’acquérir le bombardier Su-32 par l’armée de l’air algérienne. Cette acquisition semble déranger des milieux français et leurs alliés dans la région. Ces experts ajoutent que l’armée algérienne retardera peut-être l’acquisition de ce bombardier pour des raisons financières mais tôt ou tard, elle l’aura pour des raisons de doctrine et de logique. L’AAF a opéré avec le bombardier tactique Su-24 depuis deux décennies. Or, le Su-34 (et sa version export le Su-32) est le remplaçant du Su-24. Ce dernier sera tôt ou tard retiré du service au sein de l’AAF au profit de son remplaçant naturel, le Su-32.