L’arrestation de Saïd Bouteflika et des généraux Toufik et Tartag inquiète les Américains
La neutralisation de Saïd Bouteflika et des généraux Toufik et Tartag a permis de décapiter les deux clans les plus puissants qui faisaient la pluie et le beau temps en Algérie depuis deux décennies. Ce n’est pas un hasard si l’arrestation de ces trois personnalités a déclenché une mobilisation générale de leurs partisans au sein de l’ « Etat profond ». Mais l’arrestation de Saïd Bouteflika et des généraux Toufik et Tartag a également provoqué des réactions à l’extérieur. Les Américains sont les premiers à s’en inquiéter si l’on en croit les révélations de Maghreb Intelligence, un site proche des services marocains et français. « A la suite de l’emprisonnement de Saïd Bouteflika, du général Toufik et du général Bachir Tartag, le Département d’Etat américain, aurait par des officiers de liaisons de l’ambassade US à Alger, pris attache avec les collaborateurs du chef d’état-Major de l’armée algérienne, Ahmed Gaïd Salah, pour demander des renseignements et réclamer des explications à propos de ces arrestations spectaculaires » note le site en question.
Dans sa gestion de la crise actuelle, le commandement de l’armée algérienne qui doit affronter le jeu trouble de la France n’a pas intérêt à provoquer l’hostilité des Américains. C’est pourquoi sa réponse fut rassurante : » L’entourage du chef d’état-Major de l’armée algérienne aurait rassuré ses interlocuteurs américains en expliquant qu’il s’agit d’une opération « judiciaire » obéissant à des critères de sécurité nationale. Les proches collaborateurs de l’homme fort du moment en Algérie auraient assuré que les trois personnalités incarcérées à la prison militaire de Blida seraient bien traitées et bénéficieraient d’un procès juste et équitable. Quant aux enjeux sécuritaires, l’institution militaire algérienne aurait confié aux émissaires américains qu’il s’engageait à les maîtriser quels que soient les sacrifices auxquels il faudrait consentir« .
Pour les observateurs qui suivent de près la crise algérienne, ces révélations indiquent plusieurs choses : 1) Si les Américains s’inquiètent c’est que les trois personnalités en question étaient bien à leur service, 2) Les Américains ne s’inquiètent vraiment que pour leurs intérêts, d’où le langage rassurant des chefs de l’armée algérienne, 3) enfin l’attitude américaine plutôt prudente montre que la diplomatie française, trompée par des services français complètement à côté, est en train de perdre la partie face à l’état-major de l’armée algérienne lequel constitue pour Washington un des facteurs clé de la stabilité régionale.
Mohamed Merabet