L’article qui consacre le bradage des entreprises publiques est passé
L’Assemblée Populaire Nationale (APN) a adopté le projet de loi de Finances 2016. Le vote a été boycotté par les parlementaires du FFS, du PT, de l’Alliance de l’Algérie verte (coalition islamiste) et du FJD de Abdallah Djaballah. Sur les 68 amendements proposés, seule une quinzaine ont été finalement adoptés, mais dans une confusion totale. Mais c’est surtout l’adoption de deux articles qui a choqué une partie des parlementaires et de nombreux observateurs. Il s’agit de l’article 71 qui permet au ministre des Finances d’opérer des coupes budgétaires dans un secteur pour en approvisionner un autre lorsqu’il y a nécessité et l’article 66 qui autorise l’ouverture du capital des entreprises publiques avec cession totale au partenaire au bout de cinq années. Pour exprimer leur opposition à ces deux articles, des députés de l’opposition ont quitté l’hémicycle en vue de porter la contestation aux abords de l’APN autour de laquelle un dispositif de sécurité assez important a été mis en place dès 07h30 ce matin.
L’adoption de ces deux articles par la majorité des parlementaires est d’autant plus choquante qu’ils ont été abrogés par la commission des finances de la Chambre basse du Parlement. Si l’annulation de l’article 66 a été adoptée par la structure présidée par un élu du FLN, l’article 71 a été reformulé. Cela n’a pas empêché pour autant le ministre des Finances d’user du droit que lui confère la loi régissant les rapports entre les deux chambres du Parlement et le gouvernement d’introduire un amendement oral. C’est de ce droit que M. Benkhalfa a fait usage pour réintroduire ledit article en pleine séance plénière. Un amendement qui a suscité une vive réaction de la part des députés de l’opposition, dont une partie des indépendants qui se sont ralliés à la contestation. Comme ce fut le cas d’ailleurs de trois députés du FLN qui, lors du vote de l’article 66; ont quitté leur groupe pour rejoindre celui du PT, les larmes aux yeux, refusant de cautionner, selon eux « la vente du pays, et exprimé publiquement devant la presse leur indignation. « Il y a des limites à ne pas franchir. Pas au détriment du sang des chouhadas sans lesquels on ne serait pas ici en train de débattre. »
L’opposition a appelé les élus du FLN, tout en saluant la résistance de certains d’entre eux, dont plus d’une centaine était absente, à assumer leurs responsabilités « devant l’histoire et le peuple », estimant que cette autorisation d’ouverture de capital au secteur privé est une occasion offerte aux multinationales pour s’accaparer des actions des sociétés publiques. Si la crainte de voir les multinationales prendre le contrôle des entreprises publiques est exagérée, selon les observateurs, dans la mesure où la loi 51/49 est toujours en vigueur, en revanche, l’article 66 de la nouvelle loi des finances risque de faciliter l’appropriation d’une partie du patrimoine public par les représentants de la nouvelle oligarchie en cours de formation. A cet égard, les députés de l’opposition ont interpellé de manière solennelle le président de la République pour qu’il ne signe pas cette loi de finances et lui imputent « la responsabilité historique de sa promulgation ».
Pour rappel, le vote du projet de loi des finances 2016 s »est fait dans une confusion totale qui a dégénéré en bagarre entre les députés de la majorité et ceux de l’opposition comme l’illustre cette vidéo:
https://www.youtube.com/watch?v=V7dea9vsgpg