Le FFS décide dé boycotter les élections législatives de juin prochain

Contre toute attente,  le FFS vient d’annoncer officiellement sa décison de boycotter les prochaines élections législatives de juin prochain. Le FFS a ainsi suivi le RCD et le PT qui avaient annoncé auparavant de leur décision ne pas participer aux élections législatives.  La décision du FFS étonne les observateurs dans la mesure où depuis plusoieurs mois, des indices ont montré un rapproochement entre ce parti et le pouvoir, un rapprochement justifié par des responsables du parti par la conjoncture particulière tant interne qu’externe par laquelle passe l’Algérie. La décision du FFS est d’autant plus étonnante que Hakim Belahcel, membre de l’Instance présidentielle du parti, a déclaré, samedi llors de la tenue du Conseil national à Alger, que la décision que devra prendre le Conseil national sur la position du parti des élections législatives du 12 juin prochain doit être « un acte politique patriotique et responsable visant à préserver l’Etat national et l’unité du pays ». « Notre décision d’aujourd’hui, qui sera l’interprétation libre, autonome et sincère de nos débats, doit être surtout un acte politique patriotique et responsable visant à préserver l’Etat national et l’unité nationale », a déclaré M. Belahcel, lors de l’ouverture de la session extraordinaire du Conseil national du FFS, tenue au Centre international de la jeunesse de Sidi Fredj et amenée à trancher la question de la participation ou non du parti aux prochaines élections législatives.

M. Belahcel a notamment mis l’accent sur la nécessité d’avoir une « conscience aigue » des enjeux auxquels est confronté le pays, soulignant que cette situation nouvelle dans le pays « nous impose, en tant que parti démocratique d’opposition, de saisir cette opportunité historique pour favoriser une dynamique politique qui rende irréversible le processus de changement politique démocratique ». La décision du FFS de boycotter les prochaines élections constitue une curieuse façon de « préserver l’unité nationale et l’Etat-nation algérien ». Une fois de plus, comme lors de l’élection présidentielle et du référendum sur la Constitution, le boycott des élections législatives par les partis qui disposent d’une implantation relative en kabylie (FFS, RCD) risque d’isoler un peu plus politiquement cette région par rapport au reste du pays.

Comment expliquer cette décision du FFS ? Les mauvaises langues affirment que le FFS, tout comme le RCD et le PT avant lui, a décidé de boycotter les élections pour la bonne raison qu’il n’a pas reçu cette fois-ci de garantie sur son quota au sein de l’assemblée nationale (c’est un secret de polichinelle que sans les quotas offerts par l’ex-DRS, ces trois partis n’auraient jamais bénéficié du nombre de députés qu’ils avaient dans les précédentes législatures). Une autre hypothèse paraît également plausible : la majorité des 84 membres du Conseil national ont décidé de voter pour le boycott des élections en vue de sauver leur parti en Kabylie où tous les indicateurs politiques montrent que, quelle que soit la décision prise par le FFS et le RCD, l’abstention, encouragée notamment le MAK, allait l’emporter. Pour les observateurs qui connaissent bien les arcanes politico-sécuritaires du pouvoir en Algérie, il n’est pas exclu qu’à la dernière minute, les « amis » du FFS au sein du pouvoir lui aient conseillé de jouer la carte du boycott pour rester en contact avec le hirak et pour garder un semblant de base en Kabylie afin de ne pas  laisser tout le terrain aux rivaux du MAK qui représentent désormais la principale force d’opposition dans cette région.

Mustapha Senhadji