Le général Toufik critique la condamnation du général Hassan
L’homme qui a gardé le silence durant les vingt-cinq années de direction des services de renseignement vient de parler. Les médias nationaux ont publié une déclaration attribuée au général Mohamed Mediene dit Toufik dans laquelle il émet de sérieuses critiques contre le verdict prononcé par le tribunal militaire d’Oran à l’encontre du général Abdelkader Aït Ouarab dit Hassan. Ce dernier a été condamné à cinq années de prison ferme pour « rétention de documents » et « infraction aux consignes générales ». Dans sa défense de son ancien subalterne, le général Toufik affirme que « les activités de son service étaient suivies régulièrement dans le cadre réglementaire » en ajoutant : « En ce qui concerne l’opération qui lui a valu l’accusation d’« infraction aux consignes générales », j’affirme qu’il a traité ce dossier dans le respect des normes et en rendant compte aux moments opportuns »
Dans sa déclaration, le général Toufik reste très général en ce qui concerne la défense de son ancien subalterne sur le plan strictement juridique. Pour pouvoir se faire une idée exacte des accusations dirigées contre le général Hassan, il faudrait en effet connaître les circonstances exactes des faits que la Justice reproche à ce général. Or, ces faits n’ont pas été rendus publics par la Justice militaire en raison de leur relation avec des secrets de défense nationale.
A défaut de défendre son ancien subalterne sur le plan strictement juridique, le général Toufik s’est cru obligé de dévier vers le terrain politique en rappelant les états de service du général Hassan dans la lutte antiterroriste : « Le général Hassan s’est entièrement consacré à sa mission. Il a dirigé de nombreuses opérations qui ont contribué à la sécurité des citoyens et des institutions de la République. Sa loyauté et son honnêteté professionnelle ne peuvent être mises en cause. Il fait partie de cette catégorie de cadres capables d’apporter le plus transcendant aux institutions qu’ils servent ».
Texte de la déclaration attribuée au général Mohamed Mediene
Consterné par l’annonce du verdict prononcé par le tribunal militaire d’Oran à l’encontre du général Hassan, et après avoir usé de toutes les voies réglementaires et officielles, j’ai estimé qu’il est de mon devoir de faire connaître mes appréciations à l’intention de tous ceux qui sont concernés par ce dossier, ainsi que tous ceux qui le suivent de près ou de loin.
Le général Hassan était le chef d’un service érigé par le décret agissant sous l’autorité de mon département. A ce titre, il était chargé d’une mission prioritaire avec des prérogatives lui permettant de mener des opérations en relation avec les objectifs fixés. Les activités de son service étaient suivies régulièrement dans le cadre réglementaire.
En ce qui concerne l’opération qui lui a valu l’accusation d’« infraction aux consignes générales », j’affirme qu’il a traité ce dossier dans le respect des normes et en rendant compte aux moments opportuns. Après les résultats probants qui ont sanctionné la première phase de l’opération, je l’ai félicité –lui et ses collaborateurs – et encouragé à exploiter toutes les opportunités offertes par ce succès. Il a géré ce dossier dans les règles, en respectant le code de travail et les spécificités qui exigent un enchaînement opérationnel vivement recommandé dans le cas d’espèce.
Le général Hassan s’est entièrement consacré à sa mission. Il a dirigé de nombreuses opérations qui ont contribué à la sécurité des citoyens et des institutions de la République. Sa loyauté et son honnêteté professionnelle ne peuvent être mises en cause. Il fait partie de cette catégorie de cadres capables d’apporter le plus transcendant aux institutions qu’ils servent.
Au-delà des questionnements légitimes que cette affaire peut susciter, le plus urgent, aujourd’hui, est de réparer une injustice qui touche un officier qui a servi le pays avec passion, et de laver l’honneur des hommes qui, tout comme lui, se sont entièrement dévoués à la défense de l’Algérie.
Les médias ont traité abondamment cette affaire en faisant preuve de beaucoup d’à-propos, malgré l’absence d’éléments d’appréciation officiels. J’ose espérer que mon intrusion médiatique, même si elle constitue un précédent, ne suscite pas de commentaires qui risquent de la dévoyer et de la détourner du but recherché.
Le général de corps d’armée à la retraite Mohamed Mediene