Le gouvernement recule devant la mafia politico-financière
Finalement, les grosses fortunes ne seront pas imposées comme cela a pu être envisagé par le gouvernement pour pallier à la chute des recettes budgétaires. Les couches défavorisées et les classes moyennes devront payer le plus gros de l’effort national d’austérité qu’impose la conjoncture économique. En adoptant la nouvelle loi des finances 2018 après l’avoir expurgé de la proposition visant à introduire un impôt sur la fortune, les partis organiquement liés au pouvoir en place (FLN, RND, MPA, TAJ) ainsi que les faux indépendants qui ne doivent leur élection qu’à l’argent sale ont finalement répondu aux désirs de ce que la vox populi appelle la « mafia politico-financière » qui ne voulait pas entendre parler de cet impôt.
Le ministre des finances, Abderrahmane Raouya, a nié toute pression de la part du FCE et a justifié la marche arrière du gouvernement sur ce sujet en mettant en avant deux arguments : un argument à caractère politique puisque, selon lui, un impôt sur la fortune signifierait que les riches allaient devoir payer deux fois l’impôt et un argument économique dans la mesure où l’imposition des grosses fortunes risquerait de faire fuir les milliardaires algériens à l’étranger. Les observateurs ne sont guère convaincus par ces arguments et mettent en avant le phénomène de l’évasion fiscale et le caractère largement improductif d’une grande partie de la bourgeoisie parasitaire qui a amassé de grosses fortunes grâce à l’import et aux crédits des banques publiques.
Les députés du Front El Moustakbal se sont abstenus alors que les autres partis d’opposition (PT, FFS, RCD, MSP et autres islamistes) ont voté contre le projet de loi. Pour les observateurs économiques, les arguments avancés à cette occasion par ces partis d’opposition, à l’exception notable du PT connu pour son opposition idéologique contre toute libéralisation économique, ne sont pas très convaincants dans la mesure où ils font preuve, dans d’autres circonstances, d’un discours plus libéral que celui du gouvernement en place. La sortie des députés de l’opposition de l’hémicycle lors de l’intervention du ministre des finances s’apparente à une grossière mise en scène et ne saurait faire oublier leur indigence politique et leur incapacité à proposer un véritable programmes de réformes alternatif. Les experts économiques interrogés estiment qu’avant de parler d’un impôt sur la fortune en Algérie, les partis d’opposition devraient commencer par revendiquer l’arrêt du financement public de la bourgeoisie parasitaire. Les milliards ainsi économisés pourront aller vers des projets d’investissement viables créateurs de richesse et d’emplois et portés par de véritables entrepreneurs.