Le Maroc gèle ses relations avec l’Europe
Le gouvernement marocain vient de décider le gel de ses contacts avec les institutions européennes. Cette décision surprenante a été prise pour protester contre l’arrêt de Cour européenne annulant l’Accord commercial sur les produits agricoles. L’annonce a été faite lors du conseil de gouvernement, après une rencontre entre Abdelilah Benkirane et l’ambassadeur de l’UE au Maroc, Rupert Joy. « Nous sommes désolés d’avoir été contraints à suspendre toute relation avec l’Union européenne jusqu’à ce que soient éclaircies les raisons qui ont motivé ces intérêts juridiques », a annoncé le chef du gouvernement en ouverture du Conseil du gouvernement. Pour Benkirane, cette relation ne pourra être reprise que si « le Maroc a les garanties qu’il sera l’allié principal de l’UE au niveau des décisions judiciaires qui concernent la région », soulignant que cette démarche entreprise par le Maroc intervient « afin d’attirer l’attention de l’Union européenne uniquement ». « Ces choses doivent être claires pour les Européens: nous ne cherchons pas à nous immiscer dans leur justice, mais ils devraient réévaluer tous les paramètres du fait que c’est une cause géostratégique ».
Dans un communiqué publié jeudi, le ministère marocain de la Communication précise que « le gouvernement renouvelle son refus catégorique de la décision de la Cour de justice européenne », dénonçant « la nature politique de cette décision et les considérations erronées prises en compte « en violation du droit international ». Le communiqué du ministère de la Communication rappelle enfin que « tout contact avec un établissement européen sera suspendu, à l’exception des échanges au sujet du recours relatif à l’accord agricole ». Curieusement, la décision du Maroc de geler ses contacts avec l’UE est survenue à un moment où le conseil de l’Union européenne vient de faire appel de la décision d’annulation de l’accord agricole conclu avec le Maroc, laissant présager un retour à la normale dans les relations entre le royaume et l’Union européenne.
Le chef du gouvernement marocain n’est pas à une contradiction près. D’une part, il prétend qu’il ne s’agit pas de s’immiscer dans les affaires de la Justice européenne et de l’autre il appelle l’UE à faire marche arrière lors de la prochaine phase du jugement. Lors de son discours, le Chef du gouvernement a estimé que « la cause du Sahara pour le royaume du Maroc n’est pas une cause commerciale », précisant que « le royaume du Maroc est un allié sincère et fidèle aux pays européens depuis la sortie du pays de l’époque coloniale ». Curieusement, la décision du Maroc de geler ses contacts avec l’UE est survenue à un moment où le conseil de l’Union européenne vient de faire appel de la décision d’annulation de l’accord agricole conclu avec le Maroc, laissant présager un retour à la normale dans les relations entre le royaume et l’Union européenne. Cela conduit des observateurs à penser que la décision marocaine est une provocation diplomatique destinée faire pression sur l’UE pour l’amener à soutenir la position marocaine sur la question du Sahara occidental à la veille de la tournée du secrétaire général des Nations Unies dans la région.
Pour rappel, le 10 décembre dernier, la justice européenne avait annulé l’accord commercial portant sur des produits agricoles entre le royaume et l’Union européenne. Le Maroc, par la voix du ministère des Affaires étrangères, avait alors exprimé « son étonnement au regard de cette décision concernant un protocole, qui comme tous les accords bilatéraux signés, est conforme à la légalité internationale », et exhorté l’UE à prendre « les mesures appropriées en vue de trouver une issue définitive à cette procédure ». L’UE a fait appel mardi 23 février de la décision de la cour de justice européenne.