Le Maroc officiellement admis au sein de l’Union africaine

Le royaume du Maroc a été officiellement admis au sein de l’Union africaine à l’issue de la première journée du 28eme sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UA. Le Maroc qui a été admis par une majorité de voix va essayer de présenter cet acte comme une « victoire diplomatique ». Dans la réalité, il n’en est rien. Le Maroc n’a jamais été exclu de l’ancienne organisation panafricaine qui s’appelait à l’époque « Organisation de l’unité africaine » (OUA) , c’est lui qui l’avait quittée en 1984 pour protester contre la présence de la RASD. Rabat a demandé en juillet 2016 à « revenir » dans l’organisation panafricaine et a cherché dans un premier temps à conditionner son soi-disant « retour » par l’exclusion de la RASD. Mais le Maroc a essuyé un refus catégorique de la part de la commission de l’UA qui lui a conseillé de faire une demande d’adhésion (et non de retour) puisqu’il s’agit d’une nouvelle organisation (UA) et de cesser de réclamer l’exclusion d’un Etat membre fondateur de l’UA (la RASD).

Malgré une campagne médiatique à usage interne dans laquelle le Maroc a fait feu de tout bois pour accuser la présidente sortante de la commission de l’UA, la Sud-Africaine Dlamini-Zuma ainsi que l’Algérie de retarder son admission, ce pays a été obligé de répondre aux conditions fixées par la commission de l’UA. Aujourd’hui, le Maroc a réussi à se faire admettre au sein de l’UA mais cela ne signifie pas qu’il a gagné une bataille diplomatique sur le fond. Dans un entretien à l’hebdomadaire marocain TelQuel, ce dimanche, le porte-parole de Mme Dlamini Zuma, Jacob Enoh Eben, confirme (en langage diplomatique) que rien n’est joué : « Il y a sûrement une majorité qui sera favorable à l’intégration du Maroc. Une minorité va demander à ce que le problème de la RASD soit résolu et ils vont vraiment insister là-dessus (…) Ils peuvent aussi  dire qu’ils vont constituer  un Comité de personnes qui vont accompagner des mesures sur cette problématique. »

Du côté des partisans de la cause sahraouie, l’admission du Maroc au sein de l’UA, si elle reste entachée de suspicion, ne semble pas les inquiéter outre mesure. Au contraire, ils estiment qu’en adhérant à une organisation dont la charte stipule le respect des frontières des pays membres et l’interdiction du recours à la force pour occuper un territoire appartenant à un autre Etat membre, le Maroc se retrouve face à ses contradictions. Soit il accepte de négocier avec la RASD sous l’auspice de l’ONU et de l’UA soit il risque de s’isoler une nouvelle fois au sein de l’organisation panafricaine.