Le patron du groupe Ennahar Anis Rahmani condamné à 10 ans de prison ferme
Le pôle pénal économique et financier du tribunal de Sidi M’hamed (Alger) a condamné lundi le patron du groupe Ennahar, Mohamed Mokaddem, dit « Anis Rahmani », poursuivi dans une affaire de corruption, à une peine de 10 ans de prison ferme, assortie d’une amende d’un (01) million de DA. La même peine a été prononcée contre l’ancien homme d’affaires, Mahieddine Tahkout pour « blanchiment d’argent ». Quant à la Sarl El-Athir Presse relevant du groupe Ennahar, elle a été sommée de payer une amende de 32 millions de DA avec versement d’une indemnité de 10 millions de DA au profit du trésor public.
En outre, un jugement a été prononcé portant confiscation de tous les biens immobiliers et avoirs bancaires des accusés, ayant été saisis en vertu des ordonnances de saisie émises par le juge d’instruction et qui font l’objet de commissions rogatoires. Tahkout est accusé dans cette affaire de « blanchiment d’argent », alors que le patron du Groupe Ennahar est poursuivi notamment pour « mauvais usage des fonds de la Sarl El-Athir Presse, infraction à la règlementation des changes et trafic d’influence pour l’obtention d’indus avantages et fausse déclaration ».
Si aucun citoyen ne peut être au-dessus des lois et à plus forte raison un patron d’un grand groupe de presse indépendant censé veiller au respect des lois par les responsables dans tous les secteurs, il n’empêche que la condamnation d’Anis Rahmani continuera à susciter des interrogations et des doutes au sein de l’opinion publique algérienne. Si on ne peut rien dire au sujet des accusations portées contre le patron du groupe Ennahar, faute d’éléments probants à notre disposition, on ne peut en revanche s’interdire de se poser la question qui fâche : Anis Rahmani a-t-il été condamné en raison de son implication dans les « faits » qui lui sont reprochés par la Justice ou plutôt à cause de ses démêlés avec les services de renseignement et de son attitude contre le candidat Tebboune durant la campagne pour les présidentielles ? Dans une conjoncture politique marquée par la volonté du pouvoir de consolider le front intérieur, à la faveur notamment de l’initiative de la main tendue lancée par le président de la république, la condamnation de notre confrère Anis Rahmani à 10 ans de prison ferme risque de paraître sévère et disproportionnée si elle n’est pas tout simplement interprétée comme un vulgaire règlement de comptes.
Mustapha Senhadji