Le président de la république recommande d’approfondir le recensement général de l’agriculture

09.04.2025. Lors de la réunion du Conseil des ministres qu’il a présidée lundi, le président de la République, a souligné l’importance stratégique du RGA pour une prise de décision optimale, la modernisation du secteur agricole et le renforcement de son rôle dans la sécurité alimentaire. Il a instruit le ministre de l’Agriculture d’approfondir l’opération en incluant toutes les filières, les têtes de bétail par catégorie, la répartition géographique de la production, les périmètres irrigués ainsi que le nombre d’arbres fruitiers par variété, notamment les oliviers et les palmiers.
A ce propos, l’agroéconomiste et enseignant-chercheur à l’Ecole nationale supérieure agronomique d’Alger, Pr Ali Daoudi, a expliqué à l’APS qu’en approfondissant le recensement de l’ensemble de la production agricole, « on améliore la qualité des données. Cela facilite leur traitement, leur diffusion et leur exploitation par les chercheurs et les décideurs ». Contrairement aux enquêtes de terrain à portée géographique limitée, le RGA offre, selon lui, une base de données exhaustive à l’échelle nationale, favorisant une meilleure compréhension des dynamiques agricoles dans les différentes régions du pays. Prenant l’exemple de la filière ovine, il a évoqué l’intérêt d’une cartographie précise du cheptel par wilaya et commune, qui permettrait de localiser les zones de forte concentration et de faciliter les analyses sectorielles. Selon lui, les données issues du RGA profiteront également aux secteurs de l’Hydraulique, de l’Industrie et du Commerce. « Le ministère du Commerce, par exemple, pourra anticiper les besoins régionaux en infrastructures de stockage et de distribution, tandis que le secteur industriel pourra implanter des usines agroalimentaires en fonction des potentialités agricoles de chaque région », a-t-il ajouté.
De son côté, Pr Sami Assassi, expert en agroéconomie, a qualifié la recommandation présidentielle de « décisive » pour la consolidation de la stratégie nationale de sécurité alimentaire. Pour lui, un recensement détaillé de la production, des filières, des cheptels et des superficies cultivées, intégrant l’utilisation de technologies modernes telles que les drones et les images satellites, est indispensable pour obtenir une vision claire et partagée de la situation agricole. « La sécurité alimentaire repose sur deux piliers : l’augmentation de la productivité et l’élargissement des superficies cultivées, notamment au sud du pays. Mais pour attirer de grands investisseurs, il faut leur fournir des données fiables et actualisées sur le potentiel agricole et les infrastructures disponibles », a-t-il expliqué.
Pour sa part, l’agro-écologiste Fatoum Lakhdari a estimé que cette démarche permettra de mieux cerner les capacités réelles de production et d’identifier les lacunes à combler pour atteindre les objectifs tracés en matière d’autosuffisance. « On ne peut pas prétendre à l’autosuffisance sans connaître exactement ce que l’on cultive ni ce que l’on produit. Il faut clarifier nos forces et nos faiblesses », a-t-elle insisté. Elle a également recommandé la création d’observatoires agricoles dans les grands périmètres de production. Ces structures, animées par des spécialistes en agronomie, en hydraulique et en zootechnie, serviraient de systèmes d’alerte précoce pour surveiller les rendements, la salinité des eaux, l’ensablement des sols, et plus généralement, les effets du changement climatique (APS)