Le RCD appelle à un « gouvernement de salut national »
Dans un communiqué rendu public au lendemain des manifestations du 22 février, le RCD estime que ces dernières constituent « un référendum populaire contre le cinquième mandat », ce qui est un peu exagéré quand on sait qu’au total les manifestations du vendredi 22 février ont drainé sur l’ensemble du territoire national quelques 20 000 manifestants selon des sources proches de la police algérienne. Pire, les observateurs ironisent sur le fait qu’un parti laïcard comme le RCD ose se réclamer d’un « référendum populaire » fraîchement sorti des mosquées à la suite de la prière du Dohr…
Le RCD conclut dans son communiqué que ces manifestations devraient pousser le pouvoir à « écarter le président Bouteflika et le gouvernement actuel » et à « instaurer un gouvernement de salut national » sans plus de précisions. Pour les observateurs, ce n’est pas un hasard si le RCD n’a pas jugé nécessaire de rappeler les cadre constitutionnel susceptible d’accueillir un report de l’élection présidentielle dans des conditions plus consensuelles. En effet, un recours à la Constitution qui passerait par exemple par l’application de l’article 102 en vue de déclarer l’incapacité du président Bouteflika, risque de déboucher sur une transition politique qui ne serait pas du goût des minorités culturelles et idéologiques dont le RCD n’est qu’un des porte-parole.
Incapables d’arriver au pouvoir par la voie électorale, ces minorités, qui ont toujours profité du système qu’elles font semblant de critiquer, tentent un passage en force dans le sillage de la crise ouverte par la contestation populaire du cinquième mandat. Une transition qui déboucherait sur une élection vraiment ouverte ne les arrange pas. Elles préfèrent un coup d’Etat, comme celui du 11 janvier 1992, en vue de l’instauration d’un « gouvernement de salut national » qui leur permettra de continuer de bénéficier de rentes de position sans commune mesure avec leur véritable poids dans la société algérienne.
Mustapha Senhadji